Les variantes d’une conception

Dans mon avant-dernière publication, je t’ai proposé de choisir une citation concernant l’Amour. Le lendemain, je t’ai raconté l’histoire d’une banane et de quelques singes au comportement de moins en moins spontané… Voyons le lien qui existe entre ces deux publications :

En théorie, les 5 singes qui n’ont jamais reçu une douche froide devraient aller vers la banane. D’autant plus que les scientifiques qui ont activé la douche sont partis vers d’autres expériences. Or il se trouve que les 5 singes ne s’approchent pas de leur fruit préféré. Chacun a peur de se faire bastonner par les 4 autres. Pire, chacun est prêt à se joindre au groupe des 4 bastonneurs, dans le cas  où l’un des singes déciderait d’aller vers la banane…

Pourtant, aucun des singes ne pourrait justifier ce qui se produit dans osn monde. Il est vrai qu’il fut une «époque» où s’approcher de cette banane était risqué, mais les 5 singes présents dans cette pièce ici et maintenant, n’ont jamais vécu l’expérience traumatisante de leurs ancêtres, et ne savent pas quel risque ils encourent, à part la réaction des 4 autres singes. Ils vont donc respecter la LOI… Une LOI que l’on pourrait édicter sous cette forme :

Si une banane sur un escabeau tu vois, point tu ne t’en approcheras…

 

Il y a également une deuxième LOI qui anime ces singes :

Si un contrevenant, de la banane s’approche, fous-lui mille taloches !

 

Oui, je sais, présentées comme ça, ces LOIS ressemblent à des citations… Se pourrait-il qu’une citation ait l’effet d’une loi sur notre psyché ?

J’ai lu dans les commentaires que cette expérience  nous met face à une Croyance Limitante, mais ça va beaucoup plus loin que ça : ces singes ont une conception de la vie qui ne leur permet pas d’accéder à cette banane. La Croyance Limitante n’est qu’un composant de cette conception. Et avec le temps, les singes pourraient construire d’autres variantes basées sur cette conception. Ils pourraient même adopter des rituels comme des danses ou des prosternations autour de la banane.

Voilà ce qu’on appelle un paradigme : il désigne l’ensemble des variantes d’une conception dominante

C’est l’ENSEMBLE des Valeurs, des Principes, des Jugements, des Pratiques, etc. qui tournent autour d’une conception, qui forment un paradigme. De ce paradigme découlent les pensées, les émotions, les actions, et bien évidemment les résultats de ceux qui entretiennent et alimentent les variantes.

Comme nous le voyons ci-dessus avec nos deux injonctions sur la banane, les lois d’un paradigme aiment s’exprimer sous forme de citations, maximes, dictons et autres jolies formules. La citation que tu as donnée représente l’une des variantes de ta conception de l’Amour. Comme tun’es pas un singe, tu as beaucoup d’autres variantes dans ta conception. L’ENSEMBLE de ces variantes représentent ton paradigme.

«L’Amour, c’est de ne jamais avoir à dire qu’on et désolé…» fait clairement partie du paradigme amoureux de Karine. Le fait qu’elle n’ait pas inventé cette citation n’enlève rien à l’influence que cette loi a sur elle. Elle l’a choisie cette citation, parmi des milliers d’autres qui ont jalonné sa vie. Ce choix n’est pas anodin, il va être à l’origine d’une foule de sentiments anti-amoureux, à chaque fois que je lui dirai :

  • Je suis désolé…

Elle m’a fait un sacré cadeau en me livrant les 3 mots que je ne devrais jamais aligner devant elle ! Beaucoup de gens ne font pas ce genre de cadeau. Ils gardent leur paradigme secret, et lorsque l’une des variantes de leur conception est affectée, ils victimisent… Ils sont convaincus que tout le monde devrait aimer de la même façon qu’eux, et que la blessure qu’ils ressentent est forcément le résultat d’un acte volontairement méchant ou punisseur…

D’un autre côté, je fais honneur au cadeau de Karine en adoptant la même loi moi aussi. Cette loi m’a poussé à trouver d’autres formules, moins facile que l’automatisme «je suis désolé». Et lorsqu’on se défait de ses automatismes, beaucoup d’innovations apparaissent. Par exemple, lorsque j’ai envie de dire :

  • Je suis désolé, je n’ai pas eu le temps de m’occuper de la voiture, et je ne pourrai pas t’emmener à la gare demain matin… Mais vraiment je suis désolé, de chez désolé, de chez désolé…

Je dis plutôt :

  • Je n’ai pas pris le temps de m’occuper de la voiture aujourd’hui, alors je t’ai réservé un taxi pour demain matin. Ton chauffeur t’attendra à 7h30 devant ta porte Princesse…

Tu comprends ? Au lieu de rester en mode «désolation» et de m’épancher lamentablement sur mes erreurs, à chaque fois que je me sens désolé, je passe à l’action pour ne pas avoir à le dire… Cette loi me coache régulièrement.

Les couples qui durent sont ceux qui savent communique autour de leur conception de l’Amour ET qui trouvent un écho favorable à cette Communication. Si après avoir reçu cette variante en cadeau, je m’étais contenté d’un haussement d’épaule en négligeant le paradigme qui en dépend, je serais en couple avec une autre femme dont la conception de l’Amour permet à la variante «je suis désolé» d’exister…

Rappelle-toi que ce que je décris ci-dessus est un EXEMPLE. C’est en t’appropriant cet exemple que tu vas améliorer tes relations, qu’elles soient amoureuses, amicales, professionnelles, etc. Il est très possible que certaines personnes voient une preuve d’Amour dans la phrase «je suis désolé…». S’excuser d’avoir commis une erreur et demander pardon à la personne qu’on aime en toute humilité, c’est une preuve d’Amour pour beaucoup de gens.

Même si ce n’est pas mon style de vie depuis longtemps, j’arrive à le comprendre sans le juger. Et j’arrive même à m’adapter à différentes situations pour permettre à la relation de perdurer.

Il m’arrive donc d’être désolé et de le dire à ceux qui en ont besoin. Connaissant les deux situations, j’avoue que cette dernière est beaucoup plus facile…

A++

Stéphane