Pour commencer, je voudrais remercier les personnes qui ont participé au questionnement de mon précédent article. J’espère que le fait de m’avoir écrit, vous a aidé.
En vous demandant de m’aider à comprendre la démarche de mon père, j’ai un peu triché puisque le but était de VOUS aider à mieux assimiler cette histoire de chèvre. C’est une technique : dès que vous voulez aider quelqu’un à comprendre, vous cherchez à mieux comprendre ! Le niveau de conscience est beaucoup plus élevé, et l’aide que vous apportez à l’autre prend du sens pour vous aussi.
Beaucoup de gens ne répondent pas aux questions parce qu’ils ont peur de ne pas donner la bonne réponse. C’est très scolaire comme attitude… Mais dans le domaine du Développement Personnel, il y a beaucoup de bonnes réponses. Vous pouvez lire les commentaires des lecteurs qui ont joué le jeu : chaque intervention est une BONNE réponse.
Dans la suite de cet article, je vous invite à découvrir ma bonne réponse :
Un troupeau de chèvres
Au début, lorsque je me plaignais et que mon père me racontait cette histoire, je croyais qu’il m’invitait à m’accabler volontairement d’un poids, puis à m’en séparer pour me sentir plus léger. C’est ce que font beaucoup de sportifs : ils s’exercent avec des poids accrochés aux bras et aux jambes, et au moment où ils les détachent, ils se sentent plus puissants, et vont plus vite, plus loin, plus haut…
Mais cette performance est un phénomène qui ne dure que quelques minutes… Le style de mon père consistait à livrer des solutions pérennes ! Alors pourquoi me répétait-il cette histoire ?
Je l’ai compris le jour où au lieu de lui dire que je connaissais son histoire, je l’ai laissé finir, et avec l’accablement qui caractérise une personne qui trouve dans la plainte une forme de soulagement, je lui ai répondu :
– J’ai assez de problèmes comme ça, je ne vais pas en rajouter !
Soudain, je me suis arrêté net ! Stupéfait par ce que ma réplique me révélait… Mon père a souri ! Je venais de lui dire enfin que j’avais plein de chèvres dans ma vie ! Tout un troupeau ! Je venais de reconnaître l’une de mes activités fétiches : collectionner des chèvres… Lorsqu’il me racontait son histoire, ce n’était pas pour que je me rajoute un poids, mais pour que j’identifie les poids qui me ralentissent et que je m’en défasse !
Quelles sont vos chèvres ?
Des chèvres, on en a plein notre intérieur ! On les accepte gentiment comme cet homme qui a dit OUI au Guide sans penser aux conséquences :
- Je me souviens que j’avais un crédit revolving… Quelle chèvre ! Je ne l’utilisais pas pour une petite folie, mais en permanence : donc tout ce que j’achetais, je le payais 18% plus cher ! J’ai mis plusieurs mois à m’en débarrasser, mais j’ai réussi ! Ça donne l’impression d’avoir une augmentation de salaire de 18% !
- Je me souviens que j’avais un ordinateur qu’il fallait allumer et éteindre plusieurs fois avant de le voir démarrer (parfois ça durait 20 minutes !). Comme je suis «débrouillard», j’ai trouvé la ruse : je le chauffais avec un fer à cheveux pendant 3 minutes, et le tour était joué… J’étais tellement content d’avoir trouvé cette astuce rapide que j’ai gardé le fer à cheveux dans mon bureau pendant un an ! J’ai fini par me rendre compte que la démarche était ridicule, coûteuse, polluante… et j’ai fait changer mon boitier d’alimentation : ouste la chèvre !
- A un autre moment, ma vie professionnelle avançait au ralenti… Je n’arrivais plus à rien ! J’ai cherché la chèvre, et je l’ai trouvée : je trimballais une culpabilité harassante vis-à-vis de certaines actions commerciales ! Je m’en suis débarrassé grâce à quelques actions correctives, et c’était reparti.
La culpabilité, ainsi que d’autres émotions affligeantes sont des chèvres ! Dehors !!!
Dans ces exemples de chèvres que je viens de vous donner, on retrouve cette notion d’ENGAGEMENT qui apparaît dans l’anecdote :
- J’achète un crédit -> je m’engage à l’utiliser au maximum !
- Je trouve une solution technique astucieuse -> je m’engage à l’amortir sur la durée !
- J’estime que j’ai mal agi -> je m’engage à culpabiliser à répétition !
Or il s’agit d’engagement envers moi-même. Dans ces 3 exemples, ni la banque, ni mon fer à cheveux, ni mes clients (aucun d’entre eux) ne m’a demandé de suivre de tels engagements sur la durée… Ca s’est fait tout seul… Automatiquement… Insidieusement…
Si vous vous dites que je suis maso et intellectuellement torturé, peut-être avez-vous oublié que vous êtes dans un auto-coaching. Ce qui signifie qu’à travers mon expérience, et en forçant un peu le trait, je vous invite à vous interroger sur vos propres chèvres.
Vers la sortie
Lorsque mon père me répétait cette histoire, c’était toujours en réponse à une plainte ou à un problème que je lui exposais. Par exemple, je pouvais arriver en retard à un dîner familial, en me plaignant d’un client qui m’a retenu une heure au téléphone… Alors, mon père me racontait l’histoire de la chèvre.
Qu’est-ce que je pouvais bien en faire ? En pratique, il y a de multiples choix :
- Je peux être tenté de mettre le client dehors ! Ouste !!! Je ne veux plus travailler avec lui, il m’appelle toujours quand il ne faut pas ! Mais bon… C’est quand-même un peu radical, et si je le chasse de ma vie, je tiens le pari qu’un autre de mes client m’appellera toujours au mauvais moment, tout simplement parce que la ligne sera libre…
- Je pourrais être tenté de dire à ma famille «ne m’attendez pas, je serai là quand je serai là !». C’est vrai qu’après ça, je n’aurai pas à me justifier d’être en retard… Mais je ne vous conseille pas cette échappatoire, elle vous réserve la place de l’absent qui a toujours tort !
- 40 minutes avant de quitter le bureau, je m’engage à ne plus répondre au téléphone ! Ainsi même un client très prolixe ne pourra pas me retenir pendant une heure. C’est une discipline délicate au début, mais c’est possible !
Dans ce troisième choix, la chèvre que j’ai choisie n’est ni le client, ni le repas de famille. Je garde les deux ! Par contre, je mets dehors le comportement qui consiste à répondre à l’appel de dernière minute… Ouste la chèvre !
La plupart de nos chèvres sont comportementales…
Vous remarquerez que je ne me déleste pas de mes engagements. Je remplace simplement un engagement par un autre, plus aligné avec mes valeurs. Donc plus fort ! Le premier engagement (répondre au téléphone quand il me sonne) était une chèvre qui alourdissait ma vie. Le deuxième engagement (une règle de conduite respecté à la lettre) me mène vers un sentiment de plénitude auprès des miens.
Je les mets face à face, et je fais MON CHOIX.
A++
Stephane,
Merci pour cet article. J’apprécie les éléments concrets que tu donnes aujourd’hui. Ca me parle !
(Au passage, auto-coaching: exprimer ma satisfaction 😉 )
A+
Super Jean-Baptiste !
Essaye de trouver d’autres chèvres et si tu en trouves quelques unes qui pourraient intéresser tous les lecteurs (près de 450 à ce jour), fais un truc très valorisant : partage !
A++
Stéphane
Essayons !
– je souhaite donner une partie de mon pécule mensuel pour des œuvres qui en ont besoin. Et la, j’ai une bonne chèvre qui me rappel que l’on peut donner à 1000 œuvres différentes. Trop de choix ! Chaque fois que la chèvre ouvre un nouveau placard, je me rappel que telle œuvre à de la valeur pour moi. Le temps que je prenne ma décision, voici que ma chèvre révèle une nouvelle œuvre sous le tapis du salon. Bilan: un beau désordre. Il faut que je range, que je jette une partie et que je passe à autre chose.
– Dans un autre domaine, j’ai une chèvre qui n’aime pas les conflits, ou plutôt, qui a peur des situations qui potentiellement pourraient faire émerger un conflit. L’extérieur de la maison semble très clean, mais l’intérieur se fait bousculer, s’asphyxie presque à toujours prendre sur moi. C’est de l’auto-victimisation ! Mais j’ai appris à vivre avec elle depuis des années, difficile donc de reprendre les bonnes habitudes. Pas à pas !
-autre chèvre : s’habituer aux messages de Stéphane, en apprécier les prouesses (linguistique et coachistiques), et… oublier que le coach, celui qui agit et qui doit prendre sa vie en main, c’est moi!
Merci Stéphane ! le crédit-révolving chèvre m’a fait sourire car comme toi je m’en suis débarrassée il y a quelques années après m’être rendue compte que je payais effectivement tout beaucoup trop cher ! Quel soulagement ! Depuis, je ne m’en sers plus jamais malgré les sollicitations des organismes de crédit !
Je penserai toujours à l’histoire de ton père quand je me plaindrai de quelque chose ou que je trouverai quelque chose de trop pesant dans ma vie. La question est en fait : que puis-je faire pour me débarrasser de cette chèvre sans en adopter une autre ??? et la phrase “j’estime que j’ai mal agi” me parle vraiment en ce moment car je culpabilisais un maximum de notre situation financière ! et j’ai décidé de me débarrasser de cette chèvre hyper envahissante en prenant une activité dans laquelle je m’éclate, où je ne vois que des gens positifs, où j’ai accès à des formations qui m’aident au niveau développement personnel, et je sens que tout cela va m’aider à mettre cette chèvre hors de ma vie. Et le plus curieux c’est que ma situation financière, bien que restant une motivation importante, n’est plus la seule !Ma motivation est de vivre désormais POSITIVEMENT avec des gens POSITIFS ! Je n’ai pas détecté toutes mes chèvres encore mais je vais être vigilante ! et pour l’anecdote, il y a une chèvre dont je ne vais pas me débarrasser : elle s’appelle Cannelle et vit dans notre jardin !!!! 😉
Bonjour Sophie,
A la lecture de ton mail, je ne peux que répondre «Bienvenue dans l’entreprise du 21ème siècle !». Enfin un modèle d’entreprise qui mise tout sur l’individu unique et sublime, lui permettant de se concentrer sur l’essentiel, et faisant taire les nombreuses chèvres (administratives) qui sabotaient les créatifs et les empathiques.
Il y a de quoi positiver !
A++
Stéphane
Merci, Stéphane,
Je vais réfléchir à mes chèvres et à mes engagements vis à vis d’elles.
Génial. Tes exemples sont très concrets.
Merci pour l’inspiration.
Dominique
Merci Dominique,
Je suis ravi de voir que mes exemples (qui me paraissaient trop simples) ont un impact pédagogique concret.
J’attends de bonnes nouvelles,
A++
Stéphane
bonjour Stéphane
j’adore cette histoire de chèvre et ce qu’elle amène derrière…évidement qu’il faut se débarrasser des chèvres…même si ces petites bêtes à cornes sont très attachantes, ce sont des “bêtes à chagrin” pour reprendre l’expression d’un ami qui travaille avec les vaches depuis tout petit…et j’ai eu moi même 2 chèvres que j’ai eut la chance de pouvoir confier à des bergers pour les cadrer ( ouf!!!)…parce que moi aussi je commençait à pleurer..
Bonjour Odile,
En effet, les chèvres sont attachantes. Si on les accepte, ce n’est pas uniquement par contrainte : elles nous séduisent. L’idée de s’en délester en les donnant à une personne qui sait les cadrer est excellente. En prenant cette façon de faire comme une métaphore, ça apporte bien des solutions, puisque la question se limite à :
– Qui pourrait s’occuper de cette chèvre mieux que moi ?
Si je reprends mes exemples :
– Qui pourrait gérer cette dette d’argent mieux que moi ?
– Que ferait une autre personne face à cette panne ?
– Qu’est-ce qui pourrait me débarrasser de cette culpabilité ?
Vous pourrez ainsi voir le bout du tunnel. Pour peu que la lueur soit attirante, c’est parti, pas à pas !
A++
Stéphane
Bonjour
La métaphore a ceci de sympa qu’elle peut être prise AUSSI au pied de la lettre. J’ai déménagé en changeant de région il y a 4 ans. A cette occasion, nous avons fait un grand ménage, donné et jeté des tas de choses dans une maison que nous avions occupée 17 ans. La nouvelle maison était d’autant plus agréable que les choses y trouvaient une place facilement, sans avoir à déplacer 12 trucs pour attraper le 13° au fond.
Aujourd’hui je constate que la nature a horreur du vide et que les placards se sont encombrés de tas de trucs en surnombre ou inutiles. Je finis par étouffer sous ces objets qu’on garde “parce qu’on ne sait jamais”.
Parce qu’on ne sait jamais QUOI au juste ?
Si le ciel nous tombait sur la tête est-ce que d’avoir autant de réserves de bouffe (noter : ne pas oublier ma liste de course que j’établis soigneusement mais je laisse une fois sur deux sur le frigo), autant de fringues pas mises depuis X saisons (on ne sait jamais, je pourrai bien réussir à retrouver la ligne de mes 20 ans), autant de livres que je ne relirai pas (ou de toute manière maintenant sur ma tablette) alors qu’ils pourraient faire plaisir à la bibliothèque de mon village.
Les chèvres sont une belle métaphore de ce qui m’encombre l’esprit et m’empêche d’avancer mais elles sont aussi une belle métaphore de ce qui finit par ressembler à un boulet et encombrer physiquement mon espace de vie.
Ces boulets nous ancrent dans le passé, dans nos peurs de manquer, dans nos besoins d’accumuler comme des fourmis, ou pire comme des écureuils qui planquent des noisettes partout et oublient où elles sont.
Et pourtant : provision ruine maison ! Il ne me reste plus qu’à vider, ranger, m’alléger.
Bonjour,
Il est vrai que nos troupeaux auraient de quoi donner du travail à de nombreux chevrier !
J’en ai quelques unes dont je me suis débarrassé :
– attendre avant de payer les factures : le seul que cela ennuie, c’est moi,
– jouer sur ordinateur à des jeux sans vraiment d’intérêt, des minutes, des heures qi peuvent être utilisées à d’autres activités qui nous satisferont ultérieurement.
Un petit bilan de sa journée chaque soir, quelques minutes suffisent, pour mettre à jour quelques chèvres.
Voili, voilà
Je suis tres interessee par toutes tes reflexions et elles s’averent tres vrais quand j’analyse la raison de mes “chevres”…
Hier une cliente m’a telephone a 20:00 au moment ou j’etais avec mes enfants et j’ai eu le courage de lui dire tout simplement que je l’appelerai demain matin.
Quant a l’histoire de la chevre c’est une histoire racontee dans la guemara. La chevre est une vache et le conseiller est le rav de la ville!!!
Ah, ben je me rend compte que je n’ai pas de chèvre chez moi.
J’ai appris depuis longtemps à ne pas prendre d’engagement qui ne me correspondent pas.
Et les engagements que j’ai pu prendre qui ne me correspondent plus: je n’ai pas de regrets à les quitter.
Je tente au maximum depuis quasiment toujours d’aligner mes besoins profonds à mes actes profonds.
Selon moi la congruence est une des clefs du bonheur: ton histoire de chèvre m’inspire ça. 😉
Je cherche une chèvre à partager avec vous ce soir, une chèvre qui me broute 🙂 … Ma tendance à me dévaloriser, à voir ce qui manque, ce que je rate, ce qui est imparfait, plutôt que ce que je réussis. C’est une sacrément grosse chèvre, qui mange beaucoup et piétine de très grandes plates bandes. Elle prend une de ces places!!! Je fais des progrès réguliers en la nourrissant moins. Ça me rappelle une autre histoire, celle des deux loups :
Un vieil homme veut apprendre à son petit-fils ce qu’est la vie.
“En chacun de nous, il y a un combat intérieur” dit-il au jeune garçon. “C’est un combat jusqu’à la mort et il se tient entre deux loups.”
“Le premier est ténébreux. Il est la colère, l’envie, le chagrin, le regret, l’avidité, l’arrogance, l’apitoiement sur soi-même, la culpabilité, le ressentiment, l’infériorité, la supériorité, les mensonges, la fausse fierté et l’égo.”
“Le second est lumineux. Il est la joie, la paix, l’amour, l’espoir, la sérénité, l’humilité, la gentillesse, la bienveillance, l’empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi.”
Le petit-fils réfléchit pendant un long moment. Puis, il demande à son grand-père : “Quel est le loup qui gagne ?”
Le vieil homme sourit et lui répond : “Celui que tu nourris.”
Conte traditionnel Cherokee
Merci pour ces partages Stéphane!
Merci Stéphane pour cet article. Je me suis reconnu car pendant tout un temps j’avais bcp de ”chèvres”. Je m’en suis débarrassé il y’a qq mois. Il doit m’en rester deux ou trois dont j’espère être ou me débarrasser