La Balance Bénéfice-Risque

Hier, je t’ai proposé de lire mon article en te détachant de l’histoire centrale (comment additionner des nombres relatifs), afin d’y découvrir d’autres thèmes que j’y ai parsemé (entre autres la Gestion des Emotions, la Pédagogie, ou encore la Réussite malgré le doute).

Certains lecteurs ont ajouté la Légitimité (bien joué) ou la façon d’appeler à l’aide. En effet, je n’ai pas pensé à relever ce point : au début de l’histoire, ma fille veut un sauveur ! Elle se plaint de sa situation et se situe en victime. Je transforme sa demande de sauvetage en demande d’aide, ce qui rend l’apprentissage beaucoup plus fluide. Une posture de victime ferme les écoutilles de l’apprentissage.

D’après les commentaires, c’est le concept de Bénéfice-Risque qui semble difficile à trouver dans mon texte. Pourtant, il est aussi criant que la proposition de gérer ses émotions en faisant du trampoline (ou tout autre sport). C’est un passage important de mon article, que je te propose de relire ci-dessous, avec les éléments importants en gras :

«A ce moment précis, Oriane se met à rire. C’est un truc que j’ai remarqué chez elle depuis qu’elle est bébé : dès qu’elle comprend quelque chose, elle rit ! Et son rire est proportionnel au sens et à la valeur qu’elle donne à ce qu’elle comprend. Parfois, ça part en fou-rire ! Et s’il lui arrive de ne pas écouter en classe, c’est parce que ces fou-rires ont déjà failli lui coûter quelques heures de colle… Donc, dès qu’elle sent qu’elle risque de comprendre quelque chose de profond, elle n’écoute plus !».

La Balance bénéfice-risque

Imagine une personne qui a commandé des produits alimentaires en ligne un certain nombre de fois, et qui se retrouve avec des erreurs de livraison dans un cas sur deux : de nombreux produits absents, ainsi que des aliments qu’elle n’a jamais commandés ! Le but du jeu était de gagner du temps, mais la procédure de vérification, de retour et de remboursement est si longue et compliquée, que le bénéfice est très inférieur au risque. Elle perd du temps !

Même si tu n’as pas l’habitude de faire cette comparaison entre le bénéfice et le risque de façon consciente, il faut savoir que ton cerveau fait ces calculs de façon naturelle. C’est une question d’instinct de survie, il n’a pas besoin d’une formation pour se protéger ainsi. Donc à moins d’entrer dans l’inaction totale (ce qui amènerait une dépression), une partie de toi calcule en permanence, le taux bénéfice-risque…

Cet automatisme rend ce calcul inconscient, ce qui peut amener du déni au moment où il est question d’en parler.  Par exemple, si je disais à Oriane qu’elle baisse volontairement son niveau d’enseignabilité de peur d’avoir un fou-rire (et donc une heure de colle), elle pourrait me répondre avec une assurance qui frise les 200% que je raconte des bêtises parce qu’elle n’y a jamais pensé… Elle constate bien que son attention baisse, mais elle ne prend pas conscience du calcul qui précède, de l’émotion qui en découle et du système d’auto-défense qui se met en place…

Voilà qui confirme que le calcul bénéfice-risque est automatique : on n’y pense pas. C’est comme la respiration : elle est opérationnelle 24h/24h, mais on n’y pense qu’en cas de détresse respiratoire. Dans ce cas extrême, on prend conscience de la nécessité de respirer et on met toute son attention dans le processus pour reprendre son souffle (belle expression). Une fois qu’on retrouve son rythme normal, on retourne en mode pilote automatique (parce qu’on a bien d’autres choses à faire dans la vie).

Il existe une technique de respiration volontaire appelée «cohérence cardiaque» qui consiste à reprendre son souffle sans en ressentir le besoin. Je reviens vers cette notion d’enthousiasme AVANT la contrainte. Les gens qui pratiquent régulièrement la cohérence cardiaque (ou certaines techniques issues d’arts martiaux ou du Yoga) contrôlent leur respiration durant quelques minutes en s’enthousiasmant de pratiquer cette technique salutaire.

La conséquence est connue aujourd’hui (nous avons un certain recul) : ces personnes ne vivent quasiment jamais de détresse respiratoire. Elles peuvent être angoissées comme tout le monde, mais cette angoisse ne se manifeste pas en haletant… On constate également que ces personnes sont moins sujettes aux maladies cardio-vasculaires. Ce qui signifie que prendre le contrôle de sa respiration quelques minutes par jour est très bon pour la santé !

De même, calculer le bénéfice-risque de façon volontaire à différents moments de ta journée peut être salutaire pour ta santé mentale. Il suffit d’évaluer le risque d’un côté, et le bénéfice de l’autre avec un maximum d’intégrité intellectuelle, pour faire une simple comparaison, puis passer à l’action alignée sur ta conclusion.

Très vite, tu remarqueras (et tu dois déjà t’en douter) que le bénéfice comme le risque sont construits. C’est-à-dire qu’ils sont subjectifs et dépendent de ton parcours et de ta personnalité. Ils ne correspondent à aucune réalité absolue : c’est une réalité interne. Malgré cela, si  tu prends ce calcul en mains, ta réalité interne se synchronisera progressivement avec celle du monde externe .

Reprenons notre exemple (des achats en ligne criblés d’erreurs). Si tu te laisses faire par ton calcul automatique, il t’amènera à abandonner ! En revanche, si tu prends ce calcul en charge volontairement en lui réservant quelques minutes, tu vas constater que ces erreurs n’arrivent pas réellement une fois sur deux, mais une fois sur 5. Ton mode automatique a exagéré le nombre d’incidents parce que tu as naturellement tendance à surévaluer les problèmes techniques et logistiques dès que tu utilises les technologies. Ta perception du problème te met dans un tel état de négativité et de frustration que ta calculatrice intérieure fonctionne mal !

Mais en mode volontaire, ta calculatrice fera moins d’erreurs. Plus tu seras volontaire dans le processus, plus les erreurs vont diminuer. Par exemple, lors de ta deuxième séance de calcul bénéfice-risque, tu constateras que les erreurs ne concernent qu’une boutique sur les deux que tu utilises. L’autre fonctionne parfaitement ! Ce qui va t’amener à n’utiliser qu’une sur les deux pendant un certain temps.

Mais ton coach va t’encourager à faire une troisième séance de calcul volontaire. Et cette fois, tu vas constater que les deux boutiques ne fonctionnent pas de la même façon, alors que toi, tu as décidé d’appliquer le même mode d’emploi aux deux… Ceci t’amènera à conclure que les erreurs constatées se situent au moment de ta commande et non au moment de la livraison. En d’autres termes, tu prendras conscience que tu es responsable des erreurs passées, et là tu choisiras en toute conscience :

  • Soit de continuer avec une seule boutique, dont le mode opératoire te convient
  • Soit d’utiliser à nouveau les deux, en redoublant de prudence lorsque tu utilises la deuxième

Prendre ta vie en mains

Je viens de schématiser le processus qui te permet de prendre ta vie en mains grâce à la prise de conscience du calcul bénéfice-risque. Il y a bien sûr d’autres outils, mais celui-ci est particulièrement puissant. Parfois, il nécessite l’aide d’un professionnel, car un certain nombre d’incidents ont considérablement abîmé ta calculatrice. Mais si ton calcul bénéfice-risque te met dans un état second lorsque tu découvres le tarif de ce professionnel, tu peux envisager de te confier à un co-coach. C’est à dire à un ami qui te veut du bien (et à qui tu rendras la réciproque).

Il y a aussi la solution de choisir ton co-coach parmi les participants de ce programme. Tout dépend de ce que ta calculatrice te suggère lorsque tu lui demandes de calculer le bénéfice-risque de t’adresser à un inconnu.

Eh oui… Je n’ai jamais dit que prendre sa vie ne mains était facile. En revanche, l’enjeu en vaut la chandelle !

A++

Stéphane