Il paraît que ça porte malheur…
Cet évènement s’est passé la semaine dernière, pendant un petit séjour à Trouville :
Je passe dans une rue commerçante. Un artisan utilise une échelle pour peindre une devanture, et une petite fille (entre 6 et 8 ans) passe sous l’échelle et sous le regard effaré de sa grand-mère…
Cette dernière s’exclame :
– Oulala ! Il ne faut pas passer sous une échelle, ça porte malheur !
– Ah bon, interroge la petite en s’adressant à son grand-père, c’est vrai ça papy ?
– Il y en a qui le disent…
– Mais ça porte malheur ou pas ?
– Moi ça ne m’a jamais rien fait, dit-il à la petite, en passant et en repassant sous l’échelle.
– Il a raison papy, dit la grand-mère, de toute façon, même si c’était vrai, tu ne le savais pas quand tu es passée. Donc ça ne compte pas !
A moins d’être en vacances (dans ce cas je te souhaite de bonnes vacances), j’aimerais savoir ce que ça t’évoque.
PS : J’ai publié cet épisode sur Facebook le joru de l’évènement (c’est plus facile à fair quand je suis en vacances), et beaucoup de choses intéressantes ont été dites… Si tu as commenté sur Facebook, je te propose de copier-coller ta réponse ici. Ca permettra aux gens libres de Facebook de profiter de tes idées, et d’ajouter les leurs.
La grand-mère transmet une superstition. Elle perd une occasion de se taire. Mais à la fin elle dit quelque-chose d’intéressant : la superstition ne s’accomplit que si on la connaît et si on y croit.
quand on s’attend au malheur, on crée le malheur. Le contraire aussi est vrai.
Merci pour cette première approche Geneviève.
Je me demande comment une petite fille peut créer du malheur (j’aurai probablement une réponse demain 😉 ).
Cette histoire me parle de croyances et peut-être bien de croyances limitantes, les superstitions étant, me semble-t-il, une sous catégorie des croyances.
Elle m’évoque plusieurs choses :
Les enfants naissent sans croyances. Pour se construire et aller dans le monde, ils ont besoins de repères et c’est le rôle des adultes de leur en donner. Les croyances sont des repères comme les autres et si l’adulte de confiance y croit, l’enfant va y croire aussi et peut la garder comme “vraie” toute sa vie, sans même réaliser que c’est une croyance.
C’est le cas pour la grand-mère me semble-t-il et un peu moins pour le grand-père. Et dans doute que si l’enfant manque de repères, il va se construire ses propres croyances pour pouvoir aller dans le monde et faire des choix.
Ce que dit la grand-mère est remarquable, à savoir qu’une croyance ne s’exerce que si on y croit. Nos croyances ne seraient donc limitantes que parce qu’on y croit.
Ceci dit, il y a un réel danger à passer sous une échelle, la petite fille pourrait se prendre le pot de peinture sur la tête, ou pire l’artisan… Une superstition ne serait-elle pas une croyance dont le lien avec son fondement n’existe pas (ou plus) ?
Pour chaque croyance, nous devrions peut-être nous poser la question : de quoi me protège-t-elle et en quoi me limite-t-elle ? Encore faut-il avoir conscience que c’est une croyance… Et nous en avons tellement que si nous cherchions à traquer toutes nos croyances, cela pourrait nous amener à l’inaction. C’est un travail de toute une vie et bien plus… Enfin, c’est ce que je crois.
Bonne semaine
Il y a beaucoup de choses dans ce que tu dis. Je vais laisser le début de côté (la partie théorique), car j’aurai l’occasion d’y revenir plus précisément.
Tu dis que l’enfant va manquer de repères (par rapport à cette croyance), car ses deux éducateurs ne sont pas d’accord. l’enfant va donc devoir construire ses propos croyances à propos du passage sous l’échelle. Ce qui est intéressant à relever, c’est que sans la peur initiale de la grand-mère, ce choix ne serait même pas apparu. Nous ne sommes pas face à quelque chose de fondamental, de moral, de philosophique qui est nécessaire à la construction de l’enfant. Tout enfant peut grandir sans jamais avoir à se poser ce type de question. D’ailleurs, l’objet de la conversation ne vient pas de l’enfant.
Ce n’est pas la même chose lorsqu’un enfant se demande s’il a le droit d’emporter un oisillon trouvé dans un nid, parce qu’il le trouve trop mignon… Là il entre dans une réflexion d’ordre moral et peut poser des questions. Mais un enfant ne se demande jamais si c’est bien ou mal de passer sous une échelle ou d’ouvrir un parapluie dans la maison. La croyance est amenée par les adultes suite à une pulsion qui n’a pas de sens.
J’en viens au sens que tu donnes au DANGER de passer sous une échelle… Ce serait effectivement protecteur pour l’enfant d’y penser AVANT. Mais lorsque la Croyance est suggérée APRES, il ne s’agit plus d’un malheur explicable, mais de quelque chose de mystique et donc de mystérieux… Quelque chose de mal va arriver à cause de ce passage, sans lien de cause à effet explicable…
Un superstitieux chronique peut se dire ce genre de choses :
La grand-mère n’annonce pas un danger pendant l’acte, mais un danger à venir…
Lorsqu’on fait du Développement Personnel, il est beaucoup plus facile de reconnaître une Croyance, tout simplement parce qu’on se pose le type de questions que tu évoques :
La plupart des gens qui considèrent le Développement Personnel comme secondaire ne se posent jamais de questions de ce type. Ils sont donc plus susceptibles de se laisser contaminer par une croyance, et de la confirmer régulièrement sans jamais la remettre en question.
Il est vrai que lors de mes précédentes formations, les processus qui consistaient à traquer des croyances et à les déprogrammer étaient plutôt inactifs. La dernière formation que j’ai suivie (j’ai ma certification de l’Institut des Neurosciences Appliquées depuis le 15 juillet avec une jolie moyenne de 16,38 sur 20) propose des solutions en mouvement, ce qui fait intervenir le cervelet, et ça change beaucoup de choses.
C’est d’ailleurs, assez proche de ce qu’a fait le grand-père. Mais chuut… J’anticipe un peu.
Merci Michel
16,38!! Un grand bravo, Stéphane !!! 😃
Merci Michel pour introduire les bonnes questions et merci Stéphane pour les mettre au clair.
Félicitations pour cette certification mention très bien où excellence 😊
Michel a bien raison ! Lorsque je passe sous une échelle, je regarde avant si je ne risque pas de recevoir un outil ou un pot de peinture sur la tête ! Les recommandations de ce type ont souvent un fond de rationalité. Le “ça porte malheur” n’est là que pour enfoncer le clou dans une tête superstitieuse. On pourrait dire aussi “on ne traverse pas quand le bonhomme est rouge, ça porte malheur” mais à notre époque l’injonction en serait sûrement affaiblie. Alors on se contente de dire aux enfants “on ne traverse pas quand le petit bonhomme est rouge”.
Les vrais superstitions, ce sont, par exemple, les chats noirs qui portent malheur (surtout quand ils traversent de gauche à droite, tout le monde sait ça). Et c’est une bonne idée que de prévenir les enfants (qui marchent à fond dans la magie) que certains disent ça mais que ça ne peut compter que si on y croit !.. pour éviter que les refuges de la SPA soient submergés de chats noirs.
En conclusion : bien distinguer les règles (plus ou moins justifiées) des croyances. Souvent, les superstition ont leur contraire également répandu (les chats noirs portent bonheur, ou le vendredi 13 !).
Je vérifie s’il y a un danger potentiel avant de passer sous une échelle et l’évite quand il y a un moyen pas plus contraignant…d’autant plus que je suis déjà tombée d’une échelle de 4m de haut, en cueillant des mirabelles…
Je partage ce qui a été évoqué sur les croyances, avec parfois une réelle possibilité de danger à l’origine…( comme ici l’échelle)
Tout d’abord on ne parle pas ici de prévenir d’un danger sinon on dirait “ne passe pas sous une échelle cela peut être dangereux”.
On parle ici de “porter malheur” c’est à priorité pour le futur, donc une forme de prophétie. On pourrait discuter du fait si cela provoque le malheur ou si cela l’annonce, mais cela depend de la croyance, de la foi mise dans cet événement.
Ce qui est intéressant dans la réflexion de la grand mère, peut être pour rassurer sa petite fille, c’est qu’elle précise que c’est la croyance qui créé la conséquence : c’est seulement si j’y crois que cela arrivera.
Si on extrapole cette réflexion, notre croyance détermine notre bonheur ou notre malheur.
Superbe analyse !
Et qu’en est-il du grand-père ?
Le grand-père comme la grand-mère ont une fonction contenante.
Celle du grand-père apaise et rassure. En réalisant l’acte et en verbalisant son expérience, il va libérer le mental de l’enfant du poison “porter malheur”.
Le poison “porter malheur” est un poison deresponsabilisant et anxiogène.
Il est deresponsabilisant car il amène à chercher des causes “magiques” a des échecs et/ou des épreuves que nous traversons toutes et tous dans notre vie.
L’exemple donné de l’échec a un examen à cause d’un chat noir en est un parfait exemple….
Donc, merci Papy même si tu ne vas pas au bout du démontage du “porter malheur”.
CQFD
Cet article me fait penser aux croyances limitantes et aux superstitions. Il en est de même avec le fait de casser un miroir par exemple.
C’est effectivement ce thème qui nous intéresse cette semaine.
Les superstition sont-elles toujours limitantes ?
Je ne suis pas superstitieuse. Transmettre des peurs, la prudence est une bonne vertu, la peur ne sert à rien voire fait commettre des bêtises, des erreurs.
Effectivement, à partir du moment où la petite fille pense qu’un malheur va lui tomber dessus, elle entre en hypervigilance, ce qui pourrait provoquer de nombreuses maladresses, dont certaines seront malheureuses. Si la petite fille adopte la superstition, elle risque de confirmer la prédiction par ses actions.
Je suis la ligne de conduite de mon grand-père maternel : cela porte malheur d’être superstitieux.
Et cela me rappelle la citation de Marc Twain : ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait. La petite fille voit qu’il y a une différence entre la position de son grand-père et de sa grand-mère : cela peut lui permettre de bâtir sa propre position.
C’est bon ça !
Mais alors, ça voudrait dire que des figures d’autorité qui ne sont pas d’accord, permettent aux enfants de mieux se construire !?
Ca ne bouleverse pas quelques idées reçues ?
Si, cela bouleverse bien quelques idées reçues !
C’est donc l’occasion de les métamorphoser…
[…] tu as lu mon précédent article, tu as pu voir que la thématique du moment concerne les […]