La prophétie auto-réalisatrice
Si tu as lu mon précédent article, tu as pu voir que la thématique du moment concerne les Croyances.
Je voudrais rappeler que lorsqu’il est question de Croyances dans un contexte de Développement Personnel, il ne s’agit pas (pas forcément) de Croyances religieuses, mais de quelque chose de beaucoup plus simple : une Croyance est quelque chose qui selon toi, est vrai ou faux. Si tu as un doute, ce n’est plus une croyance, c’est une supposition, une présomption, etc.
La superstition avec laquelle j’ai amorcé le sujet est une croyance populaire. On peut imaginer qu’une personne l’a inventée, puis, tel un virus, elle s’est propagée d’esprit en esprit. Sans l’intervention du grand-père, cette petite fille aurait sûrement adopté la superstition. Une mamie, ça compte !
J’ai été étonné de lire (tant sur Facebook que sur notre site), que la grand-mère voulait la protéger d’un danger : durant les 3 secondes du passage sous l’échelle, un seau de peinture aurait pu lui tomber sur la tête, voire un marteau, voire un peintre !
J’aurais aimé valider cette interprétation, mais connaissant des superstitieux, nous sommes loin, très loin d’une mise en garde sur un danger temporaire. Cette grand-mère annonce un malheur à venir, dont le seul rapport avec l’échelle est d’être passé en dessous… Pour rapprocher l’idée à une autre superstition relativement proche, on dit que briser un miroir enclenche 7 ans de malheur (rien que ça…). Il n’est pas question, dans cette prédiction, de prévenir celui qui a provoqué l’incident d’une coupure potentielle en ramassant les bris de verre. La superstition annonce l’ouverture d’un portail spatio-temporel vers un monde hostile…
Mais, me diras-tu, quelle importance ?! La petite fille va continuer son cheminement dans la vie, et elle oubliera bien vite son passage sous cette échelle ! Elle vivra des bonheurs et des malheurs, comme tout le monde. Cet évènement ne va pas changer sa vie.
C’est sympa comme Croyance, mais il est rare que ça se passe ainsi. Je vais t’expliquer un concept psychologique qui rappelle à quel point une Croyance peut bouleverser une vie :
La prophétie auto-réalisatrice
La petite (que nous appellerons Aurore) adopte donc la croyance, et en rentrant chez elle, elle apprend que sa meilleure amie va déménager à Los Angeles ! Il est donc probable que les deux compères ne se voient pas pendant longtemps. Il est même possible que ce soit la dernière fois qu’elles se parlent.
Avec une Croyance telle que «passer sous une échelle, ça porte malheur», Aurore va associer la mauvaise nouvelle à son acte. Elle s’en voudra donc d’avoir traversé ce «portail de malheur» et elle culpabilisera d’avoir fait quelque chose d’aussi terrible ! Le fait que la décision de déménager ait été prise il y a deux semaines, c’est-à-dire bien avant le passage sous l’échelle ne changera rien. Pour les superstitieux, ce qui porte malheur défie le temps ! J’ai une amie superstitieuse qui a reçu le résultat d’un examen après avoir croisé un chat noir. Bien que la lettre fût datée de 5 jours, mon amie était convaincue que sans sa rencontre avec ce chat de malheur, la même lettre aurait annoncé une bonne nouvelle !
Aurore risque créer cette association à ses contrariétés. Chaque mauvaise nouvelle confirmera qu’il ne fallait pas passer sous cette échelle… Or les nouvelles que nous recevons, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, sont souvent des conséquences de nos actions. Par exemple, si j’ai obtenu ma Certification à l’Institut des Neurosciences Appliquées (avec une note de 16,38/20), c’est parce que j’ai beaucoup bossé, et j’ai pris quelques risques calculés. Ça n’a rien à voir avec un trèfle à 4 feuilles. Si au lieu de croire en mon potentiel, je me mets à croire à la magie du trèfle, je vais beaucoup moins bosser la prochaine fois. Je vais me transformer en cueilleur de trèfles… Pour mémoriser la fonction des différentes parties du cerveau, ça va être moins efficace…
Pour en revenir à Aurore, elle risque d’abandonner l’idée d’améliorer sa vie. A quoi bon ? Elle est passée sous une échelle… Elle aura beau se démener, elle a rendez-vous avec le malheur !
C’est ainsi qu’en Croyant qu’elle est destinée à une vie de merde, elle se créera une vie de merde ! Elle va réaliser elle-même (auto-réaliser) ce que sa Croyance l’invite à vivre…
Ça c’est le niveau 1. C’est une association directe.
Mais il y a pire
Le lendemain, Aurore va apprendre que sa maman est enceinte : elle va avoir un petit frère !
Comme elle s’attend à un malheur (elle est quand-même passée sous une échelle), elle va se raconter que c’est ce petit frère qui causera son malheur… Si sa grand-mère, au lieu de lui prédire un avenir sombre, lui avait transmis le secret de sa confiture de myrtilles, Aurore aurait reçu la même nouvelle avec bonheur :
- Un petit frère, quelle joie !
La conviction qu’elle est destinée à souffrir fera de ce petit frère l’objet de sa déconfiture. Il suffirait d’un rien pour qu’elle vive l’attention particulière donnée au nourrisson comme la fin de l’amour que ses parents avaient pour elle. Nous sommes encore dans une prophétie auto-réalisatrice. Cette fois, elle n’est même pas liée à des faits, mais à une perception qui transforme une bonne nouvelle en mauvaise.
Lorsque j’ai entendu cette grand-mère, j’avais envie de lui dire :
- M’enfin mamie, qu’est-ce qui s’est passé dans ta tête pour dire à ta petite fille (que tu aimes certainement d’un Amour Infini) qu’elle vient de commettre un acte qui la destine au malheur ? Elle ne peut rien faire pour corriger son «erreur», alors chuuuut… Si Papy n’avait pas été là, je t’aurais poussée dans les orties !
Eh oui… On n’a pas beaucoup parlé du grand-père et de son action. Il a pourtant utilisé l’une des meilleures techniques qui soit pour reprogrammer une Croyance en cours de gravure… Il l’a fait d’une façon si valeureuse, que même mamie a revu sa copie !
Cette technique que j’ai vécue en direct m’a rappelé un principe neuroscientifique que j’ai eu le plaisir de découvrir pendant ma dernière formation. J’en parlerai dans un autre article.
En attendant, qu’as-tu de nouveau à dire à propos de cette histoire ?
Moi, je ne suis pas superstitieux, parce que ça porte malheur !
Moi je n’avais pas eu le temps de répondre au premier article, alors je le fais ici, c’est exactement la même réponse :
Je dirais que cette gamine est bien maline, puisque c’est à Papi qu’elle a direct demandé si la propositon de Mamie était vraie, alors que c’est Mamie qui s’est adressée à elle.
Pas folle la guêpe, on a du déjà lui faire le coup dans la famille…
Papi, fidèle à son habitude, lui a montré l’exemple en action, sans toutefois dénigrer Mamie.
Mamie en a profité pour embarquer dans le train, en trouvant une issue de secours : si tu ne le sais pas avant, ça ne compte pas !
Mon avis à moi est que les malheurs comme les bonheurs arrivent dans la vie, c’est inclus avec le package. Qu’on y croit avant, ou qu’on y croit pas.
Par contre, l’espoir et la confiance nous aident à passer les situations difficiles, à chercher des solutions, à trouver les personnes pour nous aider, à patienter quand il le faut, etc. parce que ça oriente notre vision du monde. Et ça donne encore meilleur gout aux bonheurs.
Le phénomène est aussi connu en économie, lorsque les agents (acheteurs, traders ou chefs d’entreprise) adaptent leur stratégie en fonction de leurs prévisions. Dans le monde hyper connecté ou l’information circule sans modération, cela peut être la source de bien des cracks.. (et pas seulement la pénurie de PQ dans les supermarchés).
Mais l’effet le plus dévastateur que je connaisse est le mal fait par les étiquettes que l’on pose (sur une personne, ou un groupe de personnes). Il ne s’agit pas là d’une superstition, mais d’une croyance qui se révèle fondée après coup, parcequ’elle a été posée au début.
Ca me donne froid dans le dos..
Comme quoi, l’échelle n’est qu’un accessoire…
J’ai eu un chat noir que j’ai adopté et beaucoup aimé… Mais je croise les doigts souvent pour attirer le positif et je remercie l’univers quand il vient !
C’est très ambivalent. Ca me plaît bien 😉