L’art d’être grand-père
Aujourd’hui, je ne vais pas te parler du recueil de poèmes de Victor Hugo, mais plutôt de l’action du grand-père dans ma petite histoire de superstition (la petite fille passant sous l’échelle).
D’un point de vue psychologique (ou neuroscientifique depuis que les théories se confirment à l’IRMf), nous pouvons observer ceci dans la tranche de vie de cette petite fille :
- 3 secondes après son passage sous l’échelle, sa grand-mère lui fait une proposition de Croyance (tu vas vivre un malheur !).
- Avant de valider cette Croyance (qui pourrait influencer ses actions et devenir auto-réalisatrice), la petite fille fait quelque chose de très intelligent : elle demande son avis à un deuxième expert qui a assisté à la scène (pour des enfants, les adultes sont des experts de vie, en particulier les grands-parents).
- Le grand-père, qui n’a pourtant pas suivi une formation en Neurosciences comme je l’ai fait ces derniers mois, se livre à une «reprogrammation progressive de la Croyance». En lui disant que certaines personnes croient que ça porte malheur et d’autres non, il insère le doute dans l’esprit de sa protégée. C’est une étape très importante dans la technique, s’il avait entrepris de contredire sa femme immédiatement et avec véhémence, il n’aurait pas mérité sa certification d’auto-coach. Mais là, je la lui donne avec mention !
- Puis il se lance dans une démonstration que beaucoup de superstitieux qualifieront de sacrificielle : il passe et repasse sous l’échelle, démontrant qu’en ce qui le concerne, cette «Loi» n’en est pas une.
- Sa technique est si bien menée que même la grand-mère (pourtant initiatrice de la superstition), se prête au jeu de la reprogrammation de Croyance, à sa façon (ces deux-là ont probablement le secret des couples qui durent).
Le doute, un outil terrible et prodigieux !
Il y a quelques temps, dans mon programme «Attitude-Coach», j’ai proposé aux participants de me dire ce qui, selon eux, était «Le pire ennemi de la Foi ?» (je ne parlais pas spécialement de Foi religieuse). Beaucoup de gens ont cité la méfiance ou la prudence (la Foi étant souvent synonyme de Confiance Absolue). Il s’agit effectivement de sentiments opposés à la Foi, mais ils ne peuvent avoir le statut d’ennemi, dans la mesure où ils ne combattent pas la Foi. Ils sont juste situés à l’opposé, sans nuances…
Le véritable ennemi de la Foi est le doute. Lorsque le doute est inséré au cœur d’une Croyance, il l’amène à s’autodétruire. Alors qu’une opposition farouche à une Croyance n’a pas cet effet. Il arrive même qu’une opposition amène à renforcer la Croyance initiale.
Si le doute peut déstabiliser la Foi, alors il peut, à plus forte raison se mettre au service de la reprogrammation de nos Croyances Limitantes.
L’art d’être grand-père…
Si le grand-père avait dit :
«Mais tu sais bien que ta grand-mère dit n’importe quoi à longueur de journée. C’est encore une connerie qui lui vient de sa mère !»
Il aurait créé un conflit intérieur dans l’esprit de la personne qu’il tentait de protéger. Un conflit se termine par un gagnant et un perdant, ce qui dans notre cas risquait d’être douloureux à vivre. Un enfant aime ses grands parents de façon inconditionnelle. L’amener à faire gagner l’un au profit de l’autre est une torture.
Le grand-père aurait également pu dire :
«Mais non ma chérie ! Au contraire : passer sous une échelle, ça porte bonheur !»
Et hop ! Un dilemme ! Dans ce cas de figure, les Croyances de ses deux modèles invitent la petite fille au même type d’analyse : il n’y a pas de logique, pas d’explication, pas de démonstration… Juste une invitation à faire un choix entre deux croyances mystiques.
Mais avec sa formule «Il y a des gens qui le disent…» le grand-père introduit le doute dans la Croyance. Et si je me réfère à ma formation de coach en Neurosciences Appliquées, il a fait exactement ce qu’il fallait pour déprogrammer une Croyance Naissante.
Et les vieilles Croyances bien ancrées ?
C’est exactement le même principe (on y insère du doute), mais il y a plusieurs mais :
- La Croyance visée n’est peut-être pas limitante, même si elle paraît pénalisante par moment. Il y a donc un calcul bénéfice/risque à faire au préalable, et comme tu t’en doutes, il concerne plusieurs axes. par exemple, certaines reprogrammations peuvent être bénéficiaires en argent, mais déficitaires en relations sociales, etc.
- Une Croyances peut en cacher une autre plus importante à reprogrammer (on parle de «Croyances Racine»). Par exemple, une personne qui croit que passer sous une échelle porte malheur pourrait également alimenter la Croyance selon laquelle le monde est fait de pièges, et que notre passage sur terre consiste à les éviter jour après jour. C’est cette Croyance-là qui lui a fait adopter la première (elle est facilement influençable dans le sens du malheur). Dans la majorité des cas, lorsqu’un Croyance est candidate à la reprogrammation, un exercice d’introspection permet de placer le curseur un cran plus haut.
- La technique est plus longue à dérouler (environs 2 heures) et nécessite une implication totale du coach et du coaché. Ce qu’a fait ce grand-père pour sa petite fille au fil de l’eau, est une excellente technique d’auto-coach, mais lorsque les Croyances sont profondément ancrées, l’accompagnement d’un professionnel est nécessaire.
Je me tiens à ta disposition si tu penses que l’accompagnement d’un professionnel est nécessaire. Tout commence par une conversation téléphonique (gratuite) qui nous permet de nous choisir (réponds simplement au mail que tu as reçu et je te guiderai pour la suite).
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Pour finir, en guise de clin-œil, je ne résiste pas à la tentation de te livrer 4 vers de Victor Hugo, extrait de son recueil «l’art d’être grand-père» :
Ils cueilleront des fleurs, ils mangeront des mûres.
vaste apaisement des forêts! ô murmures !
Avril vient calmer tout, venant tout embaumer.
Je n’ai point d’autre affaire ici-bas que d’aimer.
A++
Stéphane SOLOMON
Je cherche la 6ème étoile, quelle démonstration, Master coach !
Bientôt, bientôt Master Coach…
Et toi aussi !
On est en plein dans l’actualité, beaucoup de gens sont prêts à adhérer à des idées irrationnelles, du moment que les messages véhiculés confortent leurs à-priori ou leur haine de telle personne ou tel groupe
En effet. Et si certaines idées sont intéressantes et peuvent amener de belles énergies, beaucoup d’autres ne sont que superstitions…
Bonjour Stéphane,
Merci pour cet article et cette analyse de cette situation anodine mais pleine de bon sens.
Pour ma part, je ne crois pas que le doute soit l’ennemi de la foi. Quand je doute, cela m’amène à chercher plus loin. La foi, ce c’est pas la certitude. Douter rend humble, rend curieux, et ne vient pas en contradiction avec ce que je crois, ou ce dont je crois.
Cela me. Semble particulièrement valable pour la foi religieuse, mais également pour tout autre type de foi. Le doute permet d’aller vers la vérité, via la quête, tout en sachant (mais ça c’est une croyance!) qu’on y arrivera jamais !
Pour moi, l’ennemi de la foi serai plutôt la certitude !
À bientôt
Jean-Baptiste
Ps: j’ai bien reçu le livre sur la peau de banane, merci !
Jean-Baptiste,
Merci pour ton commentaire.
Il est vrai que le doute a trois fonctions :
– Soit il affaiblit la Croyance jusqu’à la mettre en péril
– Soit il renforce la Croyance, parce qu’il permet au Croyant de se réaffirmer
– Soit il recadre la Croyance, engendrant ainsi de nouvelles règles de conduite
Je te félicite et je te rejoins concernant la Foi : tout doute venant de l’extérieur a tendance à renforcer également la mienne. En revanche le doute venant de l’intérieur (celui que je pourrais créer) risque d’être plus délicat à gérer.
Tout dépend donc du temps et de l’attention qu’on consacre au doute que les autres nous amènent, car au bout d’un moment, ce doute devient nôtre. Sans oublier qu’il y a des personnes assez habiles pour amener les autres à apprivoiser leurs doutes. Le grand-père a utilisé cette technique pour le bien. Certains le font pour le mal, mais c’est la même technique.
Le programme dont je parle (Attitude-Coach) relate le début de l’histoire : lorsque les trois derniers candidats doivent gravir les 10 étages en moins d’une minute :
– Le premier a la certitude que c’est impossible, et il le revendique haut et fort
– Le deuxième tente l’expérience, mais à mesure qu’il grimpe les escaliers, il doute, et il s’arrête au 5ème étage
– Le troisième y croit jusqu’au bout, et en arrivant au 6ème étage, il trouve «l’ascenseur»
Pour moi, le premier n’a rien perdu : il a une conviction dès le début, il la nourrit avec ardeur, et lorsqu’il constatera que c’était possible, il dira que les consignes n’étaient pas claires ou que le gagnant a triché. Il partira en se disant que cette princesse ne le mérite pas ! Il garde sa conviction jusqu’au bout. C’est un gagnant.
Le troisième n’a rien perdu (puisqu’il a gagné ;-)), et ce qui le caractérise, c’est le fait de croire que c’est possible, même s’il ne sait pas comment les choses vont se dérouler et que tous les calculs logiques sont contre lui. Il sait que sa réussite ne dépend pas uniquement des données disponibles au départ, et il a la foi en sa capacité à rejoindre la princesse, même lorsque tout semble perdu, il continue son ascension, et trouve une aide pour atteindre le sommet.
Le deuxième perd la foi à mesure que les indicateurs semblent corresponde aux dires du premier. Puis à mi-chemin, lorsque le calcul est simple (40 secondes pour 5 étages = 80 secondes pour 10 étages), sa foi s’écroule. Il n’a servi qu’à une chose : démontrer que les calculs du premier étaient exacts, et confirmer la prédiction. Mais au début de la course il n’avait pas la certitude qu’il allait perdre. Il avait juste un doute qui a accompagné son ascension, et qui a fini par se confirmer à mi-chemin.