La bonne histoire
L’histoire de Néo
Néo fait le «navrant constat» que les postes à responsabilité de son entreprise sont tenus principalement par des camarades de promo de la même école de commerce. Il va ruminer intérieurement à propos de cette injustice pendant des années. Il va même profiter de pauses devant la machine à café, pour en parler avec des collègues déçus de vivre des déconvenues :
– Ton projet était super, mais cette boite est dirigée par des incompétents qui font du copinage en haut lieu !
Nous sommes d’accord que Néo n’accorde aucune Légitimité (de diriger) à ses dirigeants. Mais voilà qu’un jour, Néo reçoit une lettre inattendue de sa Direction. Il pensait qu’il était viré, mais non ! C’est le contraire : on lui propose une promotion vers un poste à Responsabilités ! La première chose qu’il va se dire est :
– Où est le piège ???
Eh oui ! Pourquoi rejoindrait-il ces dirigeants de pacotille ! Et d’ailleurs, puisqu’ils sont incompétents, ils ont forcément choisi la mauvaise personne pour ce poste… Et peu importe si cette mauvaise personne est lui-même ! Il aurait dit la même chose à propos de n’importe quel autre lauréat, et il ne déroge pas à la règle. C’est alors qu’il refusera l’imposture en résistant au changement : hors de question de devenir comme eux ou de leur servir d’alibi. Evidemment, cette résistance ne sera pas exprimée de cette façon (ce serait trop facile). C’est l’inconscient qui utilisera tous types de prétextes pour ne pas aller vers…
C’est un cas de Réciprocité : le jugement que Néo porte sur «les autres» lui retombe dessus lorsqu’il devient candidat à rejoindre «ces gens-là». Il aura besoin d’un coach pour le tirer de là. Et heureusement pour lui, «les incompétents» qui tiennent les ficelles de cette boite en connaissent un très bon…
L’histoire de Jeanne
Jeanne termine ses études, et avant même qu’elle ait le temps de chercher un emploi, son oncle lui propose de piloter un projet innovant dans sa boite. Elle prend les rênes et fait du très bon boulot, mais elle entend souvent (en particulier lorsqu’elle prend des risques) qu’elle a été parachutée-là parce qu’elle était la nièce du patron… Et comme c’est vrai, elle va commencer à douter de sa Légitimité.
À mi-chemin de la réalisation du projet, Jeanne doit rejoindre l’équipe d’une société partenaire. À sa grande surprise, son principal interlocuteur est plus jeune qu’elle d’un an. Elle ne pourra s’empêcher de penser que lui aussi a pris cette place par népotisme. Eh oui : le jugement qu’elle porte sur elle-même retombe sur cet autre dont le profil ressemble au sien. De fait, elle lui ôte sa Légitimité avant même de commencer le partenariat. Le projet périclite…
Jeanne a besoin d’un coaching ! Elle commencera par refuser, parce que le prestataire qu’on lui présente est le coach de la femme du patron ! Mais une rencontre suffit pour la rassurer : il a beau être pistonné, c’est un très bon coach. Elle n’aura besoin que de 2 séances pour se débarrasser de son «Syndrome de l’Imposteur». Puis, comme par magie, elle reconnaîtra les compétences de son jeune partenaire. Le projet reprend sa place dans la course !
Le principe de Réciprocité (parfois appelé «don / contre-don») est un sujet très complexe lorsqu’on décide d’entrer dans les méandres de la psyché. Ces deux histoires en simplifient le compréhension :
Si tu trimballes un «Syndrome de l’Imposteur», il est possible que tu fasses subir ça à d’autres. Et inversement, si tu t’opposes à la Légitimité des autres, ça pourrait rebondir sur toi. Pour peu que ça devienne un cercle vicieux, tu vas tomber dans le vice…
Coachings de Légitimité
C’est en recadrant les aprioris de Néo sur ses décideurs que j’ai réussi à lui rendre sa Légitimité. Le plus dur a été de trouver ce que j’appelle «La Mauvaise Histoire», parce qu’elle n’est pas livrée clefs en mains. Mais au bout de 6 séances à tourner autour du pot, j’ai compris que Néo ne supporterait pas l’idée d’être jugé par les siens (ceux qu’il allait désormais diriger). Et si ces jugements le hantent, c’est parce qu’il est à l’origine de la plupart d’entre eux. Il sait ce qu’on raconte devant la machine à café ! 4 séances de plus ont été nécessaires pour lui donner des outils permettant de faire face au jugement de gens qu’il appréciait…
Jeanne considère que son jeune partenaire professionnel est illégitime. Elle le soupçonne d’avoir pris ses fonctions suite à un piston. Elle-même se sent en imposture à cause de ça, et elle projette… Cette fois ça n’a pas été difficile à trouver pour moi, car c’est un sentiment très courant chez les «fils de» ou les «filles de»… Le jugement du public est inévitable, et finit par affecter les intéressés.
J’ai commencé par faire prendre conscience à Jeanne que ce qu’elle a réalisé était exceptionnel. Elle était inconsciente de sa compétence, et ce qu’elle a fait lui paraissait évident. Je lui ai également rappelé que son oncle (son patron) avait 6 autres nièces et neveux qui ont fait des études, et à qui il aurait pu faire plaisir s’il était adepte du népotisme. Il ne l’a fait qu’avec elle, parce qu’elle méritait sa place. Dès qu’elle a retrouvé sa Légitimité, son partenaire est également devenu brillant à ses yeux ! C’est magique !
Nous sommes d’accord que rien n’a changé extérieurement. C’est dans les têtes de Néo et de Jeanne que les transformations se sont faites. La Légitimité, c’est intérieur ! Le monde extérieur influence le jugement et crée des arguments que chaque individu décide de rejeter ou de mettre en valeur pour se construire toute une histoire… Mon travail (et le tien dans cet auto-coaching) consiste à déconstruire «La Mauvaise Histoire», puis à reconstruire «La Bonne Histoire».
Si tu as quelque chose à nous raconter, que ce soit fait ou qui reste à faire, c’est à toi :
Le changement intérieur change ma vision du monde extérieur. A tourner et retourner dans tous les sens pour comprendre que tous les points de départ de la solution sont en moi, ma vision, mon jugement, mon inconscience, mes projections, mes généralisations…..quel sabotage. J’aime bien le mot déconstruire car finalement c est un choix d’avoir construit soit sa légitimité soit son illégitimité.
Tellement clair avec tes exemples.
Je pense qu’il n’y a pas que des choix. Il y a aussi des non-choix liés à notre éducation, à nos histoires de Vie, aux événements extraordinaires… C’est le travail de prise de conscience initié par Stéphane qui nous permet de mettre en lumière ces non choix grace à la clarté de ses exemples…et à notre travail
Dans le cadre d’un auto-coaching, il nous reviendrait donc la responsabilité de découvrir les “mauvaises histoires” au travers d’indicateurs qui restent encore à déterminer, afin de pouvoir nous repositionner et relancer une dynamique positive. (?)
J’aime beaucoup ton interprétation
Absolument ! Il reste à déterminer les indicateurs…
Ca pourrait être un sujet d’article, sachant qu’après sa lecture, ce sera à l’auto-coach de trouver ses propres indicateurs… A la lecture des commentaires de cette page, j’ai bon espoir ! Les métaphores touchent et se font approprier.
Cela me touche beaucoup car le “de toute façon ce que tu dis n’a aucune valeur car tes parents sont profs” je l’ai entendu pendant une grande partie de ma scolarité de la part de mes profs et forcément après de la part des autres élèves…
Je n’ai pas l’impression de projeter mon sentiment d’illegitimité/de syndrome de l’imposteur sur les autres mais je sens que ce programme va m’ouvrir les yeux
Bonjour,
Le début de l’histoire m’a projeté dans ma première expérience professionnelle ! À 1 mois près j’ai été embauchée avec une ancienne camarade (de maternelle/collège, notre cursus identique avait été poursuivi dans des établissements différents) pour les mêmes fonctions pour assister de jeunes collaborateurs anciens camarades aussi, sauf qu’il y avait 2 différences… Sa supérieure avait fini son cursus d’apprentissage, était purement autoritaire à lui faire faire des actions. Et mon “supérieur” me considérait comme son égale, bien évidemment en m’orientant sur des tâches tout en me formant pour me rendre autonome, nous étions un binôme, le GR4, tout en me faisant profiter de son apprentissage pour devenir expert-comptable, il m’expliquait et j’étais une éponge attentive, investie qui ne comptait pas ses heures tant c’était passionnant et par soutien à mon binôme ! Notre bureau la porte fermée ou ouverte c’était du +/+ +/+ … Les autres groupes qui n’étaient que composés de femmes ragotaient tant elles pouvaient. Elles étaient elles aussi en binômes ( +/- -/+, +/- -/-) et elles mettaient le manque d’harmonie au sein du cabinet au fait que je travaillais avec le seul homme. Malgré ce climat extérieur au Gr4, nous étions aidant aux autres, des inspirants innovants fédérateurs pour la direction, ce qui amplifiait les ragots.
Puis est arrivé un nouveau junior, des têtes se sont mises à tourner… Mais ça aussi était le début de la fin.
Une fois que mon supérieur fraîchement diplômé es expert-comptable à peine sorti de son rendez-vous avec la direction est revenu blême avec une colère intérieure me lança “Edwige oui je vais avoir une grosse augmentation, inutile d’être jalouse !” Je l’ai regardé heureuse pour lui et si affectée de sa pensée, je n’ai pu que lui répondre ” Je suis ravie pour toi et ta femme, vous avez travaillé dur, c’est juste que tu sois augmenté de façon significative, c’est le résultat de ton travail acharné ! Mais comment veux-tu que je sois jalouse, ma chance c’est de t’avoir comme référence enseignante et humaine… Si j’ai aussi travaillé dur c’était aussi ma façon de croire en toi, te seconder au mieux… Tu mérites sincèrement ”
Sa colère était tombée, le malaise ne venait pas de moi ! On a vite compris qui a eu la même promotion, je m’étais rappelée après d’avoir vu une jeune supérieure en pleurs allait pleurer dans le bureau d’un des patrons (c’était sa chouchoute… C’était clairement dit), puis après quelques jours afficherson augmentation “pfff inutile d’avoir un diplôme pour être augmentée!”. C’est là que mon chef a commencé à perdre sa légitimité, la comparaison et la mesquinerie avaient désormais ouvert une brèche…
Il aurait dû reprendre la succession, il a été dévoué comme personne et finalement la jalousie, les commérages ont eu raison de lui. La grande chouchoute s’était entichée de la dernière de recrue, le prochain expert à se faire diplômer. J’avais prévenu mon chef de ce qu’il se tramait et lui n’en croyait rien. Il était dévoué à ce nouveau en qui il voyait un “frère d’arme” et lui transmettant tout son savoir pour l’aider. Forcément en moins de 2 ans il a été évincé notre relation était devenue compliquée en 3 mois vu que son départ était annoncé, il travaillait en étroite collaboration avec son successeur aux dents longues. Ce dernier a sélectionné les meilleurs gros dossiers rentabilités, dossiers impeccables… Il ne restait que quelques écritures de bilans à faire et en échange la collaboratrice restante récupérait 20 BNC (profession libérale) tenue complète de l’année, 10 commerçants surpris du changement (tout comme moi quand j’ai vu l’état des dossiers) avec un nouveau responsable à former, tout ça fin janvier…
Depuis mon chef a formé son empire avec son épouse, ils sont légitimes, une belle succession pour ses enfants qui sont tout aussi méritants que les parents.
Et c’est avec grande affection que nous collaborons encore ensemble, il est forcément notre expert-comptable, et chacun de nos échanges finissent par GR4 for ever ! Une relation +/+ +/+ reste toujours vivante !
Ah quelles belles illustrations !
J’ai compris ceci : je pourrais partir de l’idée que la légitimité que je refuse à autrui (ceux que je trouve « pas à leur place, incompétents, usurpateurs, ou tout simplement que je critique par jalousie » comme Néo et ses chefs) est une projection de celle que je me refuse à moi.
Ma (plus) mauvaise histoire c’est que je nourris secrètement de l’envie et de la jalousie envers les génies créateurs, les grands leaders, les « chefs » reconnus, ceux qui réussissent… si en plus ils en sont fiers et ont la moindre trace d’orgueil et d’arrogance, je les fusille intérieurement et les arrose en pensées de mépris et de haine.
Gloups!
Forcément, je ne peux que trouver tous les moyens possibles pour ne pas réussir, ne pas faire fortune, ne pas occuper une position de leader, ne pas être reconnue pour ma créativité et mon talent… car je pourrais endurer cette haine secrète des autres.
Donc ma bonne histoire à construire :
« Je reconnais la légitimité et le talent de ceux qui ont réussi dans tout les domaines que j’admire ».
« Je peux arrêter la production de jalousie, qui pompe mon énergie et ma propre créativité.
« Je me pardonne pour toute cette haine, ce ressentiment, ce complexe d’infériorité/supériorité qui m’a pourri la vie. Je laisse aller ces sentiments dont je n’ai plus besoin car aujourd’hui je suis adulte, j’ai tous les moyens et les capacités de réussir ma vie, en commençant par aujourd’hui.
« Aujourd’hui seulement, je me concentre sur mon objectif, je m’offre la légitimité d’arriver à mes fins en utilisant mon temps à cet usage exclusif, et mon imagination à peaufiner le scénario de ma « bonne histoire ».
bonjour,
Neo, c’est moi c’était il y a ….. proposition d’un poste, évidemment refusé, je revenais d’un congé maternité et ne me sentais pas légitime (c’est trop d’honneur Monseigneur )
Jeanne, c’est moi, plus récemment ! je n’étais pas la “fille de…” mais la femme de…
Propulsée dans un département où je rêvais d’une vie loin des embouteillages, de la pollution de la région parisienne, (le rêve américain version campagne) Sauf que la réalité m’a rattrapée
Dans un département rétrograde, j’ai découvert qu’il y avait les notables (ha, ha, ha ) et les autres !
sentence : je suis devenue “la femme de…”
Evidemment j’ai eu des postes, abstraction faite de mes (réelles) compétences,
Cela m’a suffisamment été dit : Ah oui Madame L. “la femme de…” Je me suis sentie redevable. J’ai réussi à me faire une petite place, mais la marque était là, bien ancrée (ou encrée ou les 2)
Dans un département enclavé, où les autres salles de cinéma sont à 1 heure minimum de route, cette notion n’est pas utopique, si vous n’êtes pas “recommandé” malgré toutes les compétences, vous n’obtenez rien !
Maintenant à la retraite, je reste pour certains encore “la femme de…”
Lorsque l’on me complimente (dessin par exemple) je me demande toujours si c’est bien à moi que l’on s’adresse ou à Madame L. la femme de … – Une exposition est prévue fin mars, suis-je légitime à exposer ? d’après la prof. oui
d’après moi : heu ba c’est à dire que c’est pas fini, c’est moche et puis ha oui : je peux pas j’ai poney !
bonne journée
bonne expo ! 🙂 :*
une idée peut-être : utiliser ton nom de jeune fille ou un faux nom (pour te détacher de ce qu’implique ton nom). Bonne exposition :o)
Bonjour à tous,
Je lisais dernièrement un livre sur le syndrome de l’imposteur et j’en avais beaucoup des caractéristiques… Dans mon cas, je procrastine énormément car je doute énormément de moi et de plus en plus avec ce que je considère comme des échecs dans ma vie professionnelle mais je ne suis pas jalouse des autres (enfin je crois) . J’ai 58 ans aujourd’hui et je souhaite réussir ma nouvelle vie d’artiste peintre (et c’est difficile de se mesurer à des maîtres comme Van Gogh, Hopper ou tant d’autres…). Avant, dans mes études, j’ai eu une maîtrise d’économétrie avec l’impression de ne rien savoir, puis j’ai passé un DEA de stratégie et management dont j’ai eu les écrits sans rendre le mémoire . Puis j’ai travaillé 15 ans dans la communication informatique à pleins de postes différents jusqu’au poste de responsable communication. Ensuite j’ai fait prof 4 ans dans l’économie-gestion pour finalement passer un diplôme de peintre-décorateur, puis un diplôme de peintre en décors. Pour alimenter un peu les caisses, j’ai travaillé ces 2 dernières années comme assistante vie scolaire auprès d’Handicapés ( aucun problème avec les enfants mais ce fut redoutable avec les adultes). Bref, je me souhaite de me débarrasser de ce fichu syndrome…et de réussir enfin dans une activité qui me fait du bien.
Mes professeurs m’ont toujours dit que je n’arriverai jamais à rien.
“Qu’est-ce qu’on pourra bien faire de vous ?”
Malgré de très bonnes moyennes.
Alors j’ai cru qu’il fallait travailler dur dans la vie, qu’il fallait le faire par rapport à l’avis des autres, puis que j’étais une bonne à rien, et finalement j’ai longtemps auto-saboté mes derniers diplômes (bac L, BTS du coup non obtenu) puisqu’il fallait qu’on ne fasse rien de moi.
Après m’être racontée la bonne histoire, j’ai compris que je valais bien plus.
En effet, aujourd’hui, je ne suis pas médecin, avocate, comptable ou tout autres métiers que mes profs vénéraient !
Non, aujourd’hui, je suis heureuse !
J’ai surtout compris que l’erreur ne venait pas de mes profs mais de moi. Rien ne me privait de ne pas les écouter et de ne pas les croire.