Je vois ce que je crois…

C’était au mois de juin 2012. Ma compagne et moi avions décidé d’emmener nos enfants au Parc Astérix, et afin de bien profiter de la journée, nous avons opté pour un jeudi ensoleillé. Pourquoi un jeudi ? Parce qu’il suffit d’un mot d’excuses justifiant l’absence scolaire pour profiter pleinement des attractions.

La tête dans les nuages

Après cette belle journée et une petite douche, nous nous sommes assis sur la terrasse. Le ciel nous offrait le dernier spectacle de la journée : un cortège de nuages blancs, plus beaux les uns que les autres ! Mes enfants commencèrent à distinguer des formes :

– Oh regarde : un cheval !

– Et là, un mouton !

– Et le gros là-bas, on dirait Obélix !

Certains nuages avaient une forme si proche de la réalité, qu’il n’y avait aucun problème pour tomber d’accord. D’autres ne représentaient rien si on ne s’autorisait pas un peu d’imagination…

Lorsque mes enfants décrivaient ce qu’ils voyaient en pointant leurs doigts vers les cumulus, ils me donnèrent l’impression de peindre dans le ciel ! En quelques secondes, ces masses informes devenaient des châteaux, des arbres, des animaux… Parfois, ils voyaient même un nuage… Mais il ne s’agissait pas de n’importe quel nuage. Dedans se cachait une fée, qui cherchait le cheval vu quelques secondes plus tôt.

Chaque nuage avait un SENS…

Le premier qui voit !

Soudain, ma grande fille, qui avait visiblement compris que tout dépendait de la façon dont on observe les choses, décida de jouer à un autre jeu, que j’intitulerais : « le premier qui voit… a gagné ! »

– Le premier qui voit un chat a gagné !

En moins d’une minute, le chat apparaissait. Il était impossible de savoir à l’avance s’il allait sortir les griffes, jouer avec une pelote de laine ou dormir dans son panier… Mais d’une façon ou d’une autre, nous avions rendez-vous avec un chat !

Après quoi, chacun son tour soumit ses idées :

– Le premier qui voit une princesse a gagné !

– Le premier qui voit un bateau a gagné !

– Etc.

Puis ce fut au tour de ma cadette (5 ans) de me surprendre :

– Le premier qui voit papy Michel a gagné !

Papy Michel… Evidemment ! Mon père était « mort dans le ciel » ! Il était temps de le voir… Après un silence apaisant, ils se mirent tous à crier :

– Le voilà ! Le voila !

Effectivement, un beau nuage représentant un visage arriva lentement, poussé par une légère brise… Nous distinguions clairement le nez, les yeux, les joues, la bouche… Puis ma cadette d’écria :

– Il bouge la bouche ! Regardez ! Il bouge la bouche !

Le spectacle devenait impressionnant. Ma grande, peut-être légèrement anxieuse redescendit un instant sur terre :

– Tu sais pourquoi ? Parce qu’il y a deux nuages. Un petit et un gros. Et le petit est plus bas, alors il bouge plus vite, et ça donne l’impression que les lèvres bougent.

Puis, après ce bref passage dans « la réalité », elle conclut :

– Peut être qu’il veut nous dire quelque chose…

Ce fut à mon tour de prendre la parole :

– Oui. Il veut vous dire que vous êtes merveilleuses et qu’il est très fier de vous, parce qu’après une journée d’amusement, vous avez pensé à lui…

Je m’approchai d’elles pour prendre une voix plus douce…

– De là où je suis-je vous vois grandir et je veille sur vous mes petites filles. Je ne peux pas vous serrer dans mes bras ni vous embrasser, mais si vous voulez que je le fasse quand-même, vous pouvez demander à votre papa, parce qu’il sait comment je faisais.

Grâce…