Transformation

Sur le moment, écrire cet article sur la Transformation m’a paru évident, clair comme de l’eau de roche. Et pourtant…

Après cette envolée intérieure, j’ai été ramenée au sol, plombée par un beau mélange de peurs,  de doutes, de croyances :

  • Mais il y a tellement d’axes, comment vais-je choisir ?
  • Est-ce que ça va être à la hauteur des attentes et du niveau des lecteurs ?
  • Je n’aurais pas dû m’engager, je vais pas y arriver

J’ai quand même commencé à écrire, pas par envie, mais pour respecter mon engagement ; j’avais presque terminé, et à la relecture j’ai trouvé ça tellement mauvais, tellement pas à la hauteur, que je me suis enfoncée dans la procrastination (et aussi ses amis culpabilité et déni)…

Et puis TING ! Révélation !

J’ai déjà tout ce qu’il faut avec cette expérience : mon engagement à faire une action + des freins qui m’en empêchent. Le voilà mon sujet : transformer* cette matière.

Alors j’ai tout effacé, et tout recommencé. 

Parce que c’est de ça dont il s’agit :

c’est en transformant les événements de notre vie en ressources et apprentissages que notre être s’épanouit.

Le modèle des parties

C’est flagrant dans le cas d’un traumatisme : lors de l’événement traumatisant, ou peu de temps après, notre gardien intérieur (qui pour moi est notre inconscient) active le système de défense. Si nous sommes prêts, assez solides, si nous disposons des ressources nécessaires à la digestion de l’événement, alors nous pouvons continuer notre vie sans blocage majeur. Mais dans le cas contraire, notre inconscient fait en sorte d’archiver tout ça quelque part, bien à l’abri, pour le traiter plus tard. Une partie de nous, celle qui a été traumatisée par cet événement, reste bloquée, cesse de grandir et de s’épanouir, pour permettre à tout le reste de nous de continuer à vivre. Cette partie qui s’est arrêtée de grandir l’a fait parce qu’elle ne pouvait pas, à ce moment-là, transformer cet événement en apprentissages et en ressources.

Certes c’est un modèle, que ce «modèle des parties» (issu de la PNL). Mais c’est un modèle incroyablement utile et efficace. Un modèle qui m’aide, en tant qu’hypnothérapeute, à guider les gens vers la résolution de leurs traumatismes.

Et comment faire cela ?

Transformer un traumatisme

La clé, c’est l’inconscient. Parce que, quand on a vécu un événement traumatique, on sait qu’on n’a pas à se sentir coupable. Mais ce «savoir» ne nous empêche ni de nous sentir coupable, ni d’avoir des symptômes. Ce n’est pas pour rien qu’on n’arrive pas à en parler, ou alors avec beaucoup beaucoup d’émotions…

Il reste quelque chose à l’intérieur qui n’est pas réglé, et qui ne peut être réglé qu’avec l’aide de l’Inconscient, ce merveilleux gardien qui n’a que des intentions positives pour nous, quelle que soit la forme qu’elles prennent.

Alors, je guide la personne dans un état d’hypnose, de transe, pour que le conscient soit juste mis de côté un petit moment. Puis je continue mon travail de guide : la personne d’aujourd’hui va à la rencontre de la plus jeune, avec toutes ses expériences et toute sa sagesse. Elle apparaît juste avant l’évènement, et se comporte en guide pendant le déroulement de l’événement. L’évènement ne change pas, mais le guide aide son protégé à puiser des ressources et des apprentissages pour sa vie future. Un dialogue s’en suit… Il permet à la personne de comprendre et surtout d’accepter qu’elle est aimée, qu’elle a survécu, et qu’elle a fait de son mieux.

Après tout cela, la partie plus jeune qui avait cessé de grandir, peut recommencer à s’épanouir. Parce qu’elle a enfin pu effectuer la Transformation qui l’avait bloquée.

« La Transformation, c’est la vie » ?

La vie est composée de Transformations. Il y a, à chaque instant de notre vie, dans notre corps, énormément de Transformations chimiques. La première (et la plus facile à sentir) est la respiration : cet air frais, qui entre par nos narines et se fraie un chemin dans nos poumons, donne de l’oxygène et se charge en CO2. Puis il ressort réchauffé et transformé.

Grâce aux transformations qui ont lieu à l’intérieur, nos cellules sont nourries en oxygène. Il y a aussi ces parfums que l’on capte, ces chansons que l’on entend, et qui peuvent transformer notre humeur en un clin d’œil.

Si nous sommes suffisamment attentifs à la manière dont une note, un parfum, une image, peuvent influencer notre humeur et notre énergie, alors nous pouvons transformer cela aussi. Ces nouvelles perceptions agissent en révélatrices de cette problématique qu’il faudrait vraiment traiter, de ce quartier qu’il vaudrait mieux éviter, de ce précieux souvenir à cultiver, de cette personne si particulière à recontacter.

Du marasme surgit la beauté de la vie

C’est parfois des endroits qui semblent inhospitaliers que surgit la beauté, telle la fleur de lotus qui se nourrit dans des mares boueuses et s’épanouit magnifiquement à leur surface.

En Normandie, région à la pluviométrie assez élevée, il y a «la boé». La boé, c’est de la boue… De la boue sur d’immenses étendues, et pendant des semaines. Une boue collante, désagréable, dans laquelle il est difficile de circuler, et qui peut sembler stérile à première vue. Et pourtant, pendant tout ce temps, à l’intérieur de la boé, des transformations sont à l’œuvre. Et c’est seulement en respectant le rythme de la boé et en l’acceptant que va émerger, lorsque la nature est prête, le renouveau du printemps.

Comme nous l’écrit Stéphane dans son article sur les cycles d’Hudson, les transformations prennent racine dans le marasme ; quand le rythme est respecté, les transformations intérieures s’expriment à l’extérieur – comme un pont entre inconscient et conscient.

De la transformation (re)naît la vie

Il est donc inutile de porter un quelconque jugement négatif sur tel événement ou telle  situation. Ce qui est utile, en revanche, c’est de se demander :

Qu’est-ce qui va émerger de ça ? Quels changements sont ou doivent être mis en œuvre ?

parce que ces questions sont le terrain fertile des Transformations.

Prenons exemple sur la nature. Orage et tempête sur la forêt : les vents tournoient, soufflent puissamment entre les branches et secouent les feuilles qui ont du mal à rester accrochées ; les nuages s’amoncellent et passent du gris clair au gris foncé puis presque au noir… La pluie s’abat telle une multitude de petites lames ; le tonnerre gronde et déchire l’atmosphère ; les éclairs pleuvent, illuminant le ciel, foudroyant des arbres, déclenchant des incendies ; les bourrasques sont si puissantes qu’elles arrachent des branches, et même des arbres entiers. En moins d’une heure, la forêt est ravagée…

Ravagée, vraiment ?

Le bois calciné nourrit la terre de ses cendres pleines de minéraux1. Les troncs arrachés et les branches couchées servent d’abri aux insectes, aux oiseaux, aux petits mammifères2. Pendant ce temps, d’autres insectes, et aussi des champignons, sont à l’œuvre pour décomposer toute cette matière organique. Puis vient le tour des vers de terre. Et puis la neige, le soleil, la pluie, le froid, le chaud, la grêle, aident cette décomposition jour après jour.

Tout cela donnera dans quelque temps un humus riche et en grande quantité3. Un humus idéal pour accueillir les jeunes pousses, dont les graines étaient déjà là avant la tempête. Peut-être même que cette tempête aura fait remonter à la surface d’anciennes graines endormies, qui attendaient le moment et les conditions propices pour commencer à germer. Des graines que même la forêt avait peut-être oubliées, et qui pourront prendre racine, puis grandir, et s’épanouir, dans cet humus issu de la Transformation d’une catastrophe en opportunité.

Belles Transformations.

Valentina TADÈ

Valentina TADÈ est Maître praticien certifié en hypnose Ericksonienne et Formatrice, membre du Syndicat National des Hypnothérapeutes. Elle intervient en particulier auprès des personnes à haute sensibilité : enfants, hypersensibles & hyperémotifs, artistes, qu’elle reçoit en cabinet à Grenoble ou à distance en cabinet virtuel. Elle coordonne des parcours de formation en innovation collaborative, et  co-anime un cycle d’ateliers de groupe pour adolescents et adultes artistes afin de développer leur processus de création. Plus de détails sur son site valentina-tade.fr.

* Ce que j’ai besoin de transformer (le quoi), c’est le blocage créatif. Et comment ai-je transformé ce blocage ? En reformulant (l’objectif est, au départ, de faire quelque chose que j’aime – l’écriture –sur un sujet qui me passionne, et que j’ai choisi), en identifiant les valeurs, drivers, croyances en jeu, et en revenant à la source, qui est le plaisir du partage et de la transmission, et qui éloigne la peur du jugement (qu’il soit interne ou externe).

 

Pour nourrir votre « partie scientifique » :

1 https://ehlgbai.org/wp-content/uploads/2016/10/37-GILLON-D.1990.pdf

2 https://www.biodiversiteetbati.fr/Files/Other/FT%20BPU/FT18-ArbresMortsEtACavites.pdf et https://biodiversite-foret.fr/2021/05/04/limportance-des-vieux-arbres-et-du-bois-mort-en-foret/

3 Concernant le renouvellement d’une forêt : les dégâts d’une tempête (comme celle de 1999) sont bien plus grands sur une forêt gérée par nous les humains que sur une forêt naturelle. Par ailleurs, l’actuelle transformation du climat change aussi la manière dont les forêts se renouvellent après une tempête : https://hal-agroparistech.archives-ouvertes.fr/tel-03134126v2/document