Vers des échanges plus apaisés

Je me souviens que mon grand-père mettait souvent ma sœur sur un piédestal, en rappelant une phrase qu’elle avait dite à l’âge de 3 ans : lors d’une promenade au marché, une commerçante lui a proposé de goûter un bout de fromage, la petite a poliment refusé, mais la fromagère est revenue à la charge pour rappeler que son produit était très bon.

Ce à quoi ma sœur a répondu :

  • C’est très bon, mais moi j’aime pas ça…

Grâce à cette phrase, elle est devenue l’héroïne du marché. La fromagère elle-même l’a portée sur ses épaules. Quelle maturité pour une enfant de 3 ans !

Beaucoup d’adultes sont incapables d’accepter l’idée que quelque chose qui leur déplaît puisse avoir du sens pour d’autres. Nous traversons une période trouble où les gens défendent leurs convictions toutes griffes dehors, comme s’il s’agissait de vérités absolues. Tout est noir ou blanc dans une planète peuplée de gentils et de méchants !

Ce comportement manichéen se manifeste surtout sur les réseaux sociaux. Sur X, par exemple, notre fromagère insistante tombera forcément sur un commentaire du type :

  • Dégage la vioque avec ton morceau de lait caillé bourré de staphylocoques ! Et ne me parle plus en face avec ton haleine de chacal, ou si tu veux te mettre à niveau, parle à mon cul !

Pourquoi tant de haine ?

Parce que cette démesure obtiendra davantage de likes que :

  • C’est très bon, mais moi j’aime pas ça…

Ainsi, notre Baudelaire n’a rien contre cette fromagère. Il a juste compris que les algorithmes le rendaient plus populaire grâce à ses punchlines. L’ironie du sort voudra que les végans engagés qui viendront liker leur héros du jours, ne sauront pas qu’il est en train d’observer sa courbe de popularité en mangeant un kébab.

Ça s’inverse et ça déborde !

Il y a 15 ans, les gens s’exprimaient sur les réseaux sociaux comme ils le faisaient dans la vraie vie, avec nuance et respect (notamment de l’orthographe…). Aujourd’hui, après une évolution vers des échanges plus véhéments et irrévérencieux en ligne, c’est l’inverse qui se produit : les comportements des réseaux sociaux influencent parfois la manière dont on interagit dans la vie réelle. Les gens ont parfois une sorte de réflexe incontrôlé à la X-style, puis ils se rendent compte qu’ils sont entourés de gens qui émettent du CO₂…

Et si nous tentions d’inverser la tendance ?

Je dois avouer que lorsque j’ai commencé à explorer les bonnes pratiques qui nous permettront de mieux nuancer nos propos dans le monde virtuel, j’ai écrit environ 15 pages. Non seulement j’ai eu une profusion d’idées, mais mon intérêt grandissait à mesure que la mémoire de mon PC diminuait.

La thématique de coaching liée à cette pratique est bien évidemment la maîtrise de ses émotions, voire de ses pulsions. Peut-être penses-tu que je ferais mieux de m’adresser «aux autres», à ceux dont l’activité principale consiste à troller tout ce qui bouge, mais comme nous sommes dans un cadre d’Auto-Coaching, j’aime rappeler que tu es responsable de ce que tu écris, mais tu n’es pas responsable de ce que «les autres» écrivent. Tu as donc la possibilité de contrôler l’essentiel de ce qui passera sous tes yeux. Et sait-on jamais, peut-être incarneras-tu le changement que tu souhaites voir se manifester dans ce monde…

Première technique

Cette technique-miracle a déjà été évoquée en filigrane dans mon introduction, mais beaucoup trop de gens ne prennent plus la peine de lire entre les lignes, et il faut que je reste accessible si je veux être entendu. Voici donc cette technique à la portée de tous :

Avant d’appuyer sur «Envoi», demande-toi si ton message fera la fierté de tes grands-parents. Tu sais, ces gens qui ont vécu longtemps, parfois toute une vie, sans ce sentiment d’impunité qu’inspire un clavier…

Pour moi, c’est la meilleure technique au monde, pour une raison très simple : même un enfant de 3 ans peut la maîtriser sur le bout des doigts.

Deuxième technique

Avant de t’inviter à l’exploiter, je t’invite à dire OUI à toutes les affirmations qui suivent :

Une personne opposée au mariage homosexuel n'est pas forcément une raclure homophobe, et une personne qui milite pour, n'est pas à la solde des lobbys gays. Un antivax n'est pas un criminel, et un vacciné à l'ARN messager n'est pas un déchet humain. Un sioniste peut être pour la création d’un état palestinien, et un palestinien peut aspirer à vivre en paix avec ses voisins israéliens. Un chrétien outré par la scène de la Cène sur la Seine n’est pas un inculte, et un athée qui n’y voit rien de scandaleux ne finira pas en enfer. Une personne fascinée par les Intelligences Artificielles n'a pas vendu son âme aux GAFAM, et une personne qui en refuse l'usage n'est pas un arriéré.

J’aurais pu continuer, mais je pense que tu as compris l’idée. Si tu ne vois pas trop, je t’invite à lancer ChatGPT et à copier-coller le texte ci-dessus, puis d’ajouter cette question juste après :

Qu’est-ce que l’auteur de ce texte essaie de me dire, et as-tu d’autres exemples qui pourraient compléter cette liste ?

Mais pourquoi je te dis tout ça

En vrai, je voulais simplement te souhaiter une bonne année 2025 ! J’aurais pu me satisfaire des vœux traditionnels de Santé, de Réussite, de Prospérité et de Bonheur, mais j’aime offrir du ++. Ce ++ est probablement une déformation professionnelle : il consiste à donner des pistes concrètes, applicables par les personnes de bonne volonté, afin de transformer les vœux en objectifs.

Je t’invite donc à ajouter des couleurs et des nuances dans tes pensées, puis dans tes émotions et tes propos. Que les formules du type «C’est très bon, mais moi j’aime pas ça» te soient livrées avec Respect et que tes compositions soient riches de sens, pleines de panache et d’harmonie. Que cette attitude contribue à ta Santé, tes Réussites et ta Prospérité et que chaque nouveauté enthousiasmante annonce les prémices d’un avenir heureux dans tous les domaines de ta vie.

Bonne année++

Stéphane SOLOMON