Quelque chose de plus grand que Soi…

Notre «idiot du village» a donc décidé de marquer une pause en chemin afin de découvrir ce que Madame Hacoc a à lui dire. S’est-il laissé influencer par l’homme rencontré en chemin ? A-t-il décidé de suivre le courant là où il le porte ? Ou est-il enfin prêt à se mettre au service de 

Quelque chose de plus grand que Soi

Touride attacha sa mule et frappa à la porte de la maison de Hacoc. C’était une très belle demeure. On eut dit que l’artisan qui l’avait construite y avait mis tout son cœur.

Personne ne répondit. Il décida de se promener dans les allées du jardin et croisa une femme qui soignait délicatement un rosier.

– Vous êtes là pour CROIRE ? Lui demanda-t-elle avec un regard pétillant.

– Je cherche Hacoc. On m’a dit qu’elle pourrait m’être utile.

– C’est certain, lui dit-elle, c’est pour cette raison qu’Hacoc se lève chaque matin : être utile.

– Vous savez, je ne me lève pas chaque matin pour être tourné en ridicule, et pourtant c’est mon lot quotidien…

– Ah… Mais alors pourquoi vous levez-vous chaque matin ?

– Je ne comprends pas votre question !

– Ce matin je me suis levée pour soigner les rosiers de ce jardin. Et me voici…

– Vous ne vous êtes pas levée pour rencontrer l’homme le plus maladroit de la terre, et pourtant me voilà…

– Je me suis levée pour accomplir ma mission, et je suis prête à accueillir tous les cadeaux que l’Univers m’enverra.

– Et en quoi puis-je être un cadeau ?

– Je ne le sais pas encore, et je ne cherche plus à exercer le moindre contrôle sur ce que notre rencontre aura de magique. La magie se manifestera naturellement parce que je suis sa complice depuis 90 ans.  Mais si vous insistez,  pour vous,  je peux faire un effort et redevenir magicienne, c’est à dire provoquer la magie au lieu de la laisser me surprendre…

– Vous êtes Hacoc ?

– Non. Je m’appelle Mitelige… Vous trouverez Hacoc là bas !

Elle désigna un petit bois qui se trouvait à une centaine de mètres. Le jeune-homme s’y dirigea. A peine eut-il fait 3 pas, que son pied se prit dans une racine. Il tenta de garder son équilibre, mais cette tentative le mena la tête la première dans un buisson. Il resta accroupi ainsi pendant quelques secondes qui lui parurent interminables. Puis, sentant que tout les regards se braquaient sur son derrière, il se releva tentant de retrouver un semblant de dignité. Il redressa son costume et repartir vers les bois.

– Attendez jeune-homme ! Votre chapeau ! lui dit la vieille dame en allant le récupérer dans le buisson.

Puis elle poussa un cri de joie :

– Oh ! te voilà toi !!!

– Est-ce à mon chapeau que vous parlez ainsi ?

– Non… Je viens de retrouver ma bague ! Je l’ai perdue il y a quelques mois, et après l’avoir cherchée partout où je pouvais, j’ai lâché prise… Chaque matin lors de mes premières évocations de Gratitude j’avais une pensée pour ce cadeau d’Amour qui m’a été offert il y a 70 ans . Je l’imaginais encore à mon doigt… Et aujourd’hui, grâce à vous, ce que j’imaginais va devenir réalité. Merci infiniment jeune-homme ! La magie est en vous !

Touride resta stupéfait quelques instants. Ce n’est pas le fait d’avoir retrouvé cette bague qui le laissa pantois. Ce sont les mots de cette vieille femme… Jamais personne ne lui a dit qu’il y avait la moindre Magie en lui. Pendant un court instant, il se sentit à sa place… Puis il rejeta l’imposture en haussant les épaules…

Il poursuivit son chemin vers les bois. Il y avait là une autre maison plus petite que la première, mais aussi belle. Il s’en approcha et entendit une voix féminine s’exprimer avec conviction. Il entra dans la pièce où une dizaine de personnes assises sur des bancs écoutaient l’oratrice. Tout en continuant à parler à son auditoire, elle suggéra à Touride de s’asseoir à côté d’une femme au deuxième rang.

Touride préféra s’isoler au fond de la salle : il s’assit sur le bord d’un banc, le plus près possible de la sortie. Comme il n’y avait personne pour faire contrepoids, le banc bascula, fit tomber le jeune-homme et reprit sa position dans un fracas qui interrompit le discours. Tout le monde se retourna :

Touride était à terre, confus, désemparé… Il rougit et commença à larmoyer. Il prit sa tête entre ses mains comme pour se protéger des quolibets. Il s’attendait à devenir la risée de l’assistance… Mais contre toute attente, personne ne se moqua ! On l’aida à se relever avec de nombreux égards. Certains lui demandèrent s’il s’était fait mal. Un cinquantenaire très paternel lui proposa un verre d’eau en lui tapotant l’épaule…

Ces réactions lui parurent tellement étranges qu’il se sentit mal à l’aise. Il repoussa toute proposition d’aide, retourna s’asseoir, au milieu du banc cette fois, et demanda à toute personne qui avait encore la moindre empathie pour lui de s’occuper de ses affaires !

Hacoc sourit, et reprit son discours :

Vous êtes responsables de votre vie ! Même vos pensées sont des CHOIX. Même vos émotions sont des CHOIX. Tant que vous croirez que vous ne pouvez choisir ni vos pensées ni vos émotions, vous vivrez en victime. Dès que vous prendrez conscience que c’est vous qui menez la danse, la victime disparaîtra et son histoire de victime avec elle !

Rassurez-vous, vous ne perdrez pas la mémoire ! Au contraire : si on vous demandait de raconter l’épisode le plus sombre de votre histoire, vous vous surprendrez même à retrouver des détails oubliés. Ces petits détails qui donneront à votre récit un sens nouveau. Et il y a un cadeau magique qui accompagne tout ça : même si vous avez vécu en victime pendant 100 ans avant de jouir de cette transformation, à l’instant où vous aurez accepté la Responsabilité de votre vie, 100 années de victimisation disparaîtront, et votre vie toute entière sera éclairée par votre nouveau regard sur le passé : le regard d’un Être Responsable qui construit sa vie au lieu de la subir.

Bien que Hacoc s’adressa à l’assistance toute entière, Touride eut l’impression que c’est à lui seul que ces mots étaient destinés. Il lui semblait même qu’ils faisaient écho à ce qu’il venait de vivre : après sa chute il s’attendait à être moqué, il voulait devenir la victime innocente de tous ces gens, il était prêt à s’enfuir en courant verser toutes les larmes de son corps au bord d’un ruisseau… A la moindre raillerie, il l’aurait fait : Il s’y voyait déjà ! Dans son esprit, il n’y avait qu’une seule conséquence possible à sa chute ridicule : demeurer l’idiot du village ! Demeurer une victime…

L’animatrice poursuivit :

A présent écoutez-moi bien, car ce que je vais vous révéler va vous libérer d’un énorme poids :

Beaucoup de guides spirituels vous diront que l’Univers vous renvoie un monde fidèle à ce que vous attendez de lui :

  • Vous voulez victimiser à propos de votre condition ? alors vous vivrez dans de tristes conditions !
  • Vous voulez blâmer le monde qui vous entoure ? Alors ce monde vous en donnera l’occasion chaque jour !
  • Vous voulez vivre en solitaire ? Alimenter un sentiment d’abandon ? Vous faire trahir au moindre regain de confiance ? Parfait ! C’est exactement ainsi que les choses se passeront, parce que vous co-créez tout ça !

J’y ai longtemps cru à la lettre, mais je me suis rendue compte qu’au lieu de me sentir Responsable, je me sentais coupable d’avoir co-créé un monde misérable ! Et puis un jour, j’ai pris conscience qu’un détail important m’avait échappé. Un détail qui complète cette loi et qui nous donne accès à de nouvelles attractions. Le voici :

Certes, l’Univers nous renvoie une vie conforme à nos pensées, mais dans sa générosité, il arrive parfois qu’il nous livre bien plus que notre part…

Touride pensa à toutes les bonnes attentions qui lui ont été livrées quelques minutes plus tôt, alors qu’il était convaincu qu’il allait crouler sous les moqueries. L’univers dans lequel il se trouvait lui a donné bien plus que sa part, et pourtant il a refusé toute bienveillance. Puis il pensa à son passé et se rendit compte que malgré toutes ses souffrances, Misete a toujours été là pour sécher ses larmes, comme désignée par l’Univers pour lui donner plus que sa part…

Comme pour faire écho à sa réflexion, Hacoc continua :

Mais rappelez-vous que quoi qu’il arrive, vous aurez toujours le dernier mot ! L’Univers pourrait se monter bienveillant et généreux pendant des années ! Si vous refusez ses invitations, rien ne changera dans votre vie. Si vous les acceptez, attendez-vous à des miracles !

Une jeune-femme, nommée Chidérée, leva le doigt  :

– Toute mon enfance j’ai souffert de maltraitance. Mes parents étaient de véritables bourreaux ! Comment puis-je accepter l’idée que je suis responsable de tout ça ?

– Que pensez-vous des croyances spirituelles selon lesquelles l’âme choisit ses parents avant de naître ?

– Vous comprenez bien que dans ma situation je refuse d’y croire… Ou alors j’ai une âme d’aliénée !

– Avez-vous des enfants ?

– Oui… J’ai deux garçons

– Les maltraitez-vous ?

– Jamais ! Jamais je ne lèverai la main sur eux ! Et qui conque tentera d’affecter leur intégrité physique ou morale aura à faire à moi !

– Vos parents ont-ils été maltraités par leurs parents ?

– Oui ! Et mes grands-parents aussi ! C’est un principe éducatif transmis depuis des générations ! Quiconque naissait dans cette famille était prédestinée à souffrir. Cette violence est une véritable malédiction familiale !

– Une malédiction qui dure depuis des siècles, mais grâce à votre passage dans cette famille, vos enfants en sont épargnés…

Un profond silence envahit l’atmosphère. Hacoc fixa le regard de Chidérée avec une infinie douceur, attendant tranquillement qu’elle réponde.

– Vous voulez dire que je mon âme s’est portée volontaire pour protéger mes enfants ?

– Si cette mission devait vous être confiée aujourd’hui, accepteriez-vous ces années de souffrance pour les épargner ?

– Oui ! Ça je veux bien le croire ! Je ne supporte pas l’idée qu’on puisse leur faire le moindre mal. Si cette croyance est vraie, je me suis posée en bouclier !

– Chidérée vous n’êtes pas un bouclier, vous êtes un rempart, une forteresse, une citadelle ! L’éducation que vous transmettez à vos enfants est désormais sans violence. Ils ne maltraiteront pas leurs enfants et toute votre lignée sera libérée de cette terrible malédiction. Vous imaginez le nombre d’enfants que votre âme a sauvé de la fatalité ?

Les yeux de Chidérée se troublèrent. Elle venait de donner un sens à son enfance torturée. Jusque-là, l’idée qu’une âme puisse choisir ses parents la rebutait, et soudain, elle avait envie d’y croire. Hacoc reprit :

– C’est un honneur pour moi de vous avoir ici Chidérée,  et tout le monde dans cette salle devrait se sentir gratifié. Votre âme n’est pas folle ! Elle est généreuse, courageuse, bienveillante… Vous vous êtes mise au service de quelque chose de plus grand que vous. Vous vous êtes sentie dépassée les premières années de votre vie, mais quel enfant ne le serait pas ? Vous ne pouviez pas comprendre à quel point vous étiez Responsable… Vous avez fait le choix des Justes. Et comme vous le voyez, malgré les tortures qui vous ont été infligées, vous êtes là : debout… Indomptable ! Et aujourd’hui, quiconque tenterait de porter atteinte à vos enfants sera arrêté net par votre détermination. La mission de votre âme est toujours intègre malgré ces années d’outrages. Et à présent, vous avez le Pouvoir de changer le destin des damnés…

Face à l’émotion palpable, Hacoc décida de marquer une pause. Tout le monde sortit prendre l’air. Hacoc vint saluer chaleureusement Touride, qui accepta cet élan d’Energie particulière. Il lui raconta la rencontre qui l’avait amenée jusqu’à elle, et lui demanda de quelle manière elle pourrait l’aider à concourir.

– Depuis que vous êtes entré dans cette pièce, avez-vous été aidé ?

– D’une certaine façon, oui… Je me sens différent.

– Alors je vous propose de continuer pendant encore 2 jours.

– Vous pensez que ce que vous me direz m’aidera à remporter la victoire ?

– Je pense que ce que vous allez vivre ici vous aidera à remporter votre victoire !

– Quelle est la différence entre la victoire et ma victoire ?

– Vous le verrez en allant jusqu’au bout de votre mission.

Touride décida de s’intégrer au groupe de travail. A ces gens étranges qui œuvraient les uns pour les autres et qui étaient convaincus qu’ils étaient au service de quelque chose de plus grand qu’eux… Peu à peu, l’idiot du village céda sa place à un homme nouveau, qui avait envie d’y croire…

Rappelle-toi qu’au-delà des questions que je peux poser pour provoquer des commentaires, il y a aussi des évocations naturelles et autonomes qui peuvent apparaître après ta lecture.Je t’invite à les partager.

A lundi,

Stéphane