Ce langage-là !

Pour bien commencer ce programme, je voudrais faire honneur au langage le plus boudé, histoire de lui donner quelques Lettres de Noblesse. Tu l’as certainement vu dans le webinaire : il s’agit du langage qui consiste à offrir des cadeaux matériels à la personne qu’on aime.

Dans tous les webinaires et dans toutes les formations que j’ai animés, ce langage-là n’est JAMAIS choisi comme langage principal, et c’est celui qui remporte la majorité des suffrages lorsqu’il s’agit de désigner le langage le moins parlant… Sur des centaines de personnes, la seule qui a osé le mettre en avant est ma fille Elina, qui avait 8 ans à l’époque. Elle l’a affirmé sans complexes, en découvrant les 5 propositions de Gary Chapman en même temps que ses deux sœurs (10 et 12 ans à l’époque).

Ses grandes sœurs ont choisi les paroles valorisantes et le temps agréable… Et dès que la petite a dit que sa préférence allait vers les cadeaux, sa sœur cadette a lancé spontanément :

– Oh mais non ! Mais ça ne se fait pas Elina ! Après tout ce que papa a raconté sur les autres langages, tu choisis celui-là ???

10 ans, et déjà profondément marquée par ce jugement ! Bien évidemment, la petite a enregistré que ça ne se faisait pas ! Elle a même fini par penser que c’était une réponse piège… Qu’il FALLAIT choisir un autre langage, plus convenable et plus noble… Les cadeaux, c’est du langage vulgaire !  Que dis-je ? C’est un dialecte de bouseux ! Alors que le Temps de Qualité ou les Paroles Valorisantes, c’est du langage soutenu et soigné…

Que ce serait-il passé si Elina n’avait pas osé le dire en craignant d’être mal jugée ? Elle aurait probablement adopté un faux-semblant et aurait livré un autre langage de substitution, histoire d’être correcte… Comme je m’attendais à une réponse honnête, je n’aurais pas soupçonné une cachotterie, je l’aurais crue sur parole, et au lieu de lui offrir une Nintendo Switch à son anniversaire, je lui aurais offert une chanson…

Tu me diras que j’écris de belles chansons et que ça lui aurait fait plaisir… Certes, mais pas autant qu’à Lévanah qui a tant besoin et envie de paroles valorisantes. Alors pour ne pas faire de différence entre mes enfants, j’ai offert une Nitendo Switch à Elina, et une chanson à Lévanah…

Si ma belle-mère m’entendait, elle me dirait que j’ai fait une différence puisque je n’ai pas offert le même cadeau. Mais ça c’est un paradigme de l’ancien temps mamie ! En offrant une console à Elina et une chanson à Lévanah, j’ai offert à mes deux filles des cadeau alignés sur leurs langages respectifs. Je les ai donc servies avec équité. Je leur ai offert ce qu’elles aiment !

Mamie me dirait qu’au moins, avec sa chanson, Lévanah ne m’a pas coûté cher… Et je lui répondrais que cette chanson (qui s’intitule «Un jour d’Octobre…») m’a coûté une véritable fortune ! Elle m’a demandé des dizaines d’heures d’écriture, d’entrainement et d’enregistrement (peut-être un bonne cinquantaine). Quand on connaît mon taux horaire et le nombre de projets lucratifs qui gravitent dans ma tête, «Un jour d’Octobre…» est l’un des cadeaux les plus chers de mon histoire. Et tu sais quoi ? Je suis prêt à recommencer… C’est ça l’Amour !

C’est intéressant de voir comme beaucoup de gens ont tendance à opposer l’argent aux nobles sentiments. Or s’agissant de deux choses distinctes qui ont toutes les deux le mérite d’exister individuellement, le fait de les opposer, et donc d’y penser dans la même phrase, crée une relation malsaine entre les deux. Opposer, c’est mettre face à face ou dos à dos… Et dans le deux cas, on crée une relation, c’est à dire ce qu’on ne veut surtout pas voir !

Lorsqu’on creuse la question de cadeaux matériels comme langage boudé, on constate que dans 8 cas sur 10, il ne s’agit pas d’une véritable évaluation, libre de toute pression, mais d’une volonté inconsciente car profondément ancrée, d’opposer ce langage aux autres, alors qu’on peut tout à fait composer avec lui.

Ne vas pas croire que je veux ABSOLUMENT te faire apprécier ce langage. Si ce n’est pas le tien, tu es légitime d’en préférer un autre. Ce qui m’intéresse, en t’offrant ce raisonnement, c’est de permettre au langage des Cadeaux Matériels de repasser en jugement, sans l’opposer aux autres langages. Il ne les élimine pas. Il ne leur fait pas concurrence. Il existe tout simplement, au même titre qu’eux.

Il est placé en dernière position dans ton esprit ? C’est OK ! Mais dans l’absolu, c’est à dire philosophiquement parlant, il a autant d’importance que tous les autres et il serait malvenu de le dévaloriser. C’est comme les fleurs : tu as le droit de préférer les roses aux tulipes, tu as le droit de détester les tulipes, mais si tu dis que les tulipes ne sont pas des fleurs, et que toute personne qui aime les tulipes n’aime pas réellement la Nature, tu vas forcément te heurter à des problèmes relationnels. Pour peu qu’il s’agisse d’une personne que tu aimes et qui t’aime, c’est un coup à ne jamais évoquer les fleurs…

Tu verras que si tu t’autorises à accepter le langage des Cadeau Matériels comme un langage de l’Amour à part entière, sans positionner les 4 autres en «forces contraires», tu le trouveras plus appréciable (peut-être légèrement, mais c’est déjà un bon début).

Pourquoi est-ce si important ? Parce que non seulement cette opposition te prive de relations hautes en couleur (pour peu que tu connaisses des personnes sensibles à ce langage), mais en plus, tu fais l’impasse sur de belles compositions comme :

  • Les cadeaux ET le temps agréable -> Un voyage en amoureux
  • Les cadeaux ET les paroles valorisantes -> Un poème gravé sur un matériau noble
  • Les cadeaux ET les services rendus -> Un objet qui fait gagner en confort
  • Les cadeaux ET le toucher physique -> Une table de massage

Et je te passe les cas ou 3 ou 4 langages peuvent s’exprimer librement lors d’une action multilingue.

Enfin, si pour toi le langage des cadeaux matériels n’est pas si sale, et tu te dis que mon plaidoyer n’est d’aucune utilité puisque c’était déjà ta conviction, fais un effort d’adaptation avec un autre langage que tu places au bas de l’échelle… Car ce langage-là, quel qu’il soit, n’a aucune raison d’être mal jugé, et je pourrais mener le même discours pour le défendre.

Si j’ai choisi les cadeaux comme exemple, c’est tout simplement parce que cet exemple parle à la grande majorité des gens. C’est donc un bon exemple que je t’invite à adapter à ton langage le plus faible…

Nous sommes là pour nous dépasser !

A++
Stéphane