Amazon et l’Image de Soi (2/2)

Dans la première partie de cet article, nous avons vu que chacun d’entre nous se construit une Image de son prochain (de ses prochains). Cette Image a une importance majeure dans le comportement que nous allons adopter lors de nos interactions avec ces personnes.

Revenons vers ma commande Amazon : une fois que j’ai dépanné mon ami, ma page d’accueil a légèrement changé et j’ai reçu quelques publicités pour des jouets qui pourraient intéresser un enfant de 7/8 ans. Cette commande a modifié mon Image : pour Amazon, j’était devenu un acheteur de livres et de jouets.

L’Etre Humain raisonne de la même façon, toutefois, il ne calcule pas aussi bien que les robots d’Amazon. Il aime aussi interpréter les actions à sa sauce, et prioriser ce qui l’arrange.

Il y a quelques jours une lectrice m’a écrit qu’elle ne comprenait pas pourquoi les gens autour d’elle n’arrivaient pas à assimiler que NON signifie NON ! Pour elle, les choses devraient être aussi simples que ça…

Elle a raison ! Juridiquement il n’y a aucune ambiguïté.  Mais avant d’en arriver aux démêlés juridiques, il y a un parcours à traverser avec des personnes qui lui ont collé une Image, et visiblement, cette Image reflète une personne qui dit NON alors qu’elle pense OUI de façon inavouée.

L’Image l’emporte sur les faits ! En d’autres termes, ce n’est pas ce que tu dis qui prime, mais l’Image qu’on se fait de toi avant même que tu prennes la parole… Tes paroles peuvent rectifier l’image, mais elle est tellement présente au début de l’interaction que ton interlocuteur va la prioriser. Il te faudra une sacrée énergie (et du temps) pour contrarier ce qui pour lui, est une évidence.

Je vais prendre un exemple personnel : il y a quelques temps, j’animais une émission-web intitulée «Des livres et vous». C’est un jeu dans lequel je lis quelques lignes dans un livre de Développement Personnel, puis je les commente à ma sauce. Ma fonction d’animateur consiste à aider les auditeurs à s’approprier le passage lu, afin qu’ils en fassent quelque chose d’utile dans leur vie. Ces livres étant tous de bon sens, ce type d’émission ne peut faire que du bien ! Pour ne pas m’y ennuyer, je demandais aux participants de choisir un livre et un numéro de page au hasard. Ainsi, je découvrais l’extrait en même temps qu’eux et je le commentais en improvisant. Souvent la personne à l’origine du tirage avait le sentiment que l’extrait que j’ai lu et interprété a été écrit rien que pour elle !

Jusque-là, ça va…

Seulement voilà, la Synchronicité était parfois si troublante que l’auditeur voyait en moi une sorte de médium. Or si tu as bien suivi ce programme, tu sais que ce sentiment est amené par l’Effet Barnum que je sais manier avec un certain talent, parce que coach, c’est un vrai métier ! Or c’est un métier que beaucoup de gens réfutent, et dans le cadre de ce jeu, la meilleure façon de ne pas reconnaître le coach fut de m’attribuer l’Image d’un médium ! Il y avait deux façons de faire :

  • Soit en appréciant le médium qui avait décidément un pouvoir magique
  • Soit en critiquant le médium, en le qualifiant de charlatan

Dans les deux cas, c’est la même Image, et elle ne me correspond pas. Je préfère qu’on me déteste pour ce que je suis, plutôt que d’être aimé pour ce que je ne suis pas… Que l’on me méprise ou que l’on m’adule, le but de ces auditeurs était de poser un voile sur le coach. Faire briller le médium était une stratégie facile de leur subconscient. Au fil du temps, je passais plus de temps à rectifier mon Image qu’à jouer… Si j’ai arrêté ce jeu sur Facebook, c’est principalement à cause de ça. Mais j’ai bien envie de jouer avec toi les autres participants de ce programme prochainement. Parce que c’est un sacré bon moment.

J’ai envie d’attribuer une mention spéciale à celles et ceux qui pensaient que mon but était de vendre ces livres, parce que j’en disais du bien… Un peu comme s’il y avait toujours un intérêt financier à dire du bien de quelque chose ou de quelqu’un… Les victimes du paradigme «Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute» se sont encore faits avoir. Mais je dois avouer que c’est une bonne idée ! Vendre des livres Utiles Au Monde, c’est une belle façon d’Etre Utile Au Monde ! Je garde donc l’idée dans un coin de ma tête.

L’influence de l’Image des autres

Ce que je viens de dire est valable pour toi aussi : l’Image que les autres se font de toi, surtout si ces autres représentent une masse, finit par te coller à la peau ! Puis, plus ou moins consciemment, tu auras tendance à adopter cette Image…

Je vais le formuler autrement pour que tu comprennes bien le phénomène :

«Vrai ou faux, ce qu’on dit des hommes tient souvent autant de place dans leur vie et surtout dans leur destinée que ce qu’ils font».

Bon… J’ai triché, ce n’est pas moi qui le dis, c’est Victor Hugo ! Et il l’a écrit bien avant Freud, Jung ou Frankl, dans «Les Misérables» (en première page en plus)…

Victor Hugo a bien saisi que si Jean Valjean a volé l’argenterie de Monseigneur Bienvenu, ce n’est pas parce qu’il était un voleur-né, mais parce que tout le monde disait de lui qu’il était un voleur ! Ne sachant plus qui il était vraiment après 19 ans de bagne, il est devenu ce que le monde a décidé de faire de lui… Heureusement, dans son monde, il n’y avait pas que des inspecteurs Javert, il y avait aussi Monseigneur Bienvenu. Et cet homme-là savait qu’en rendant un jean Valjean son identité d’honnête homme, il allait retirer son âme aux pensées noires et à l’esprit de perdition.

Le chemin fut difficile pour ce misérable, et il dut déchirer son passeport jaune (attribué aux anciens bagnards) pour se refaire une identité, et donc une nouvelle place dans ce monde. Celle de Monsieur Madeleine, cet homme de bien que tout le monde respectait et qui est devenu maire et propriétaire d’une usine. Mais un jour, alors qu’un autre homme allait être accusé à sa place, il entra dans le tribunal affirmant avec intégrité «je suis Jean Valjean !». Là encore, avant que Monsieur Madeleine ne disparaisse pour faire apparaître l’imposteur, l’audience a tenté (vainement) de ne pas ternir son Image. Un ancien forçat qui devient maire, quoi de plus humiliant pour cet auditoire…

Ce que tu peux retenir de tout ça, c’est que l’image que les gens ont de toi est une image construite à partir de stéréotypes disponibles dans leur esprit : voleur, honnête homme, garce, tête de linotte, génie, ménagère, artiste déchu, romantique ténébreux, petit bout de femme fragile, et j’en passe… Rares sont les gens qui prennent le temps de te connaître vraiment, ils se fient souvent à la première impression. Tout ce que tu feras ensuite leur servira d’éléments pour confirmer l’Image qu’ils ont construite, et tu auras du mal à t’en défaire. Ce sera à tel point que tu seras toi-même influencé par cette image, et l’un des dangers qui te guette est de devenir réellement ce que les autres ont décidé de faire de toi. C’est ainsi que certaines personnes en arrivent à se dire :

  • Je ne me reconnais plus…

Les victimes de pervers narcissiques, ainsi que les personnes qui ont vécu un burnout comprennent parfaitement ce que je viens d’exprimer. L’Image que l’entourage leur a attribuée change leur comportement. Ceci ne signifie pas qu’ils sont ce qu’ils font, mais qu’ils suivent inconsciemment un processus que toi, tu peux désormais contrôler. Car une fois de plus, la solution est dans le contrôle de tes propensions naturelles.

Technique : prends le contrôle

Puisqu’il existe un risque que tu glisses maladroitement vers ce qu’on veut faire de toi, transforme le risque en opportunité de changement volontaire ! Dis-toi que c’est une invitation à innover ta vie.

Je sais, comme ça, ça a l’air tordu, car en appliquant cette technique je risque d’ouvrir un cabinet de médium. Or ce n’est que le début de la technique. Elle me pousse à me poser cette question :

  • Et si j’étais réellement médium ?

Ce qui amène bien d’autres questions du genre :

  • Quel type de médium je serais ?
  • Quel serait réellement mon pouvoir ?
  • En quoi serait-il Utile Au monde ?
  •  

Au lieu de confronter ton Image à celle qu’on essaie de t’attribuer, suis le mouvement mentalement pendant quelques minutes et tu trouveras une multitude d’idées pour innover ta vie. Pour reprendre mon exemple, je ne deviendrai pas médium, mais je vais réaffirmer mon talent concernant l’Effet Barnum : je suis un maître en la matière ! C’est à tel point que si je le souhaitais, je pourrais me faire passer pour un médium !

Tu comprends l’idée ? Je ne me fais pas embarquer dans une nouvelle Image en me laissant influencer, mais je m’autorise à considérer cette Image curieuse comme une invitation du monde extérieur à enrichir mon monde intérieur. Ceci pourrait faire émerger de belles idées d’innovation, ce qui ne m’empêchera pas, au final, de remettre le médium à sa place.

Chose que je n’ai pas hésité à faire sur Facebook en publiant cette image :

Médium

Je ne sais pas créer ce genre de montage, donc je n’y ai pas pensé au début. Je m’interrogeais simplement sur ce «médium» que certaines personnes voyaient en moi… Puis, en jouant sur Snapchat avec mes filles, j’ai découvert ce filtre qui a immédiatement attiré mon attention. Je l’ai testé, et voilà le travail ! Cette Synchronicité n’aurait jamais eu lieu si mon esprit n’avait pas «travaillé» la proposition. Je pense même que je n’aurais pas vu ce filtre.

En m’ouvrant à une opportunité de type «Stéphane- Médium», j’ai fait d’une pierre deux coups :

D’une part cette image a amusé ceux qui aiment le second degré, d’autre part ceux qui m’ont pris au premier degré sont venus au live. J’en ai profité pour réaffirmer mon métier de coach, sans pour autant dénigrer les médiums (chose que j’aurais tendance à faire naturellement). Je crois bien que mon Image a pris du grade ce soir-là auprès d’un public plus large que d’habitude.

En contrôlant le processus de changement, tu n’en seras pas victime, mais complice. Et grâce à cette complicité, tu pourras transformer les choses à ta façon et t’arrêter quand tu veux. Tu trouveras souvent quelque chose à faire de l’Image qu’on te colle et dont tu ne veux pas.

Sur ces mots, je viens d’avoir une idée… Je vais donc te laisser avec les tiennes.

A++

Stéphane.