Trigg et Plann

Je voudrais te présenter deux personnages. Nous allons les appeler Trigg et Plann. Le seul point commun entre une journée de Trigg et une journée de Plann est qu’elles font toutes les deux 24 heures… Pourtant, ils ont de nombreux points communs ces deux-là. Ils habitent la même banlieue et se rendent tous les matins dans le même quartier parisien en prenant le train de 7h53.

Plann se réveille naturellement et positivement entre 5h30 et 6h00 du matin.  Il a commencé par utiliser une application appelée «Sleep Cycle» qui a étudié son sommeil pendant quelques nuits, puis qui a trouvé le moment idéal du réveil de Plann, non pas en fonction d’une heure précise, mais en fonction de ce que le science a révélé concernant les différents phases du sommeil. On peut donc dire que Plann se réveille en fonction de l’écoute de son corps.

Trigg se réveille à 7h10. Pourquoi ? Parce qu’il lui faut environ 43 minutes pour se préparer et se rendre à la gare. C’est donc la SNCF qui décide de l’heure de son réveil. D’ailleurs, à partir du printemps, son train partira à 7h58, ce qui lui permettra de régler son réveil à 7h15 en gratifiant la SNCF. Cependant, il ne manquera pas de blâmer la société de transport lorsque les horaires d’hiver reprendront en septembre, ayant le sentiment qu’elle le prive de 5  minutes de sommeil…

Mais, me diras-tu, pourquoi Plann se lève-t-il si tôt ? Ne pourrait-il pas décaler son réveil de 30 minutes voire d’une heure ? La réponse tient au fait que Plann veut décider de l’heure de son réveil, sans aucune pression extérieure. Il prend davantage de temps pour s’étirer au réveil, il déguste son petit-déjeuner et en fonction du jour, il lit 10 à 20 pages avant de partir vers la gare. Il a conscience qu’il est attendu au bureau à 9h00 et il estime, toujours en toute conscience, qu’il a CHOISI de travailler à Paris.

Trigg pense qu’il n’avait pas le choix : le travail se trouve à Paris ! Il tient pour preuve le fait que seules les entreprises parisiennes l’ont contacté suite à l’envoi de son CV, oubliant le fait que lui-même n’a envoyé ses CV que vers Paris. Dès qu’un employeur lui a dit qu’il acceptait sa candidature, il a signé ! Un peu comme si c’était la seule entreprise qui pourrait l’accepter…

Plann a pris le temps de choisir son entreprise. Il a été contacté par 7 employeurs différents, dont 3 lui ont dit OUI. Il a pris le temps de choisir… Tu me diras qu’il a eu de la chance ! Dans ce cas Trigg a eu exactement la même chance. Sauf qu’au moment où la 3ème entreprise consultée lui a dit OUI, il a signé, et a donc décliné les 4 autres rendez-vous qui lui ont été proposés. C’est la différence qu’il y a entre avoir de la chance et saisir sa chance.

Nos deux acolytes utilisent Facebook, mais ils ont un paramétrage très différent du système… Trigg reçoit les notifications au moment où Facebook le décide, et s’y rend immédiatement afin de s’assurer qu’il suit «l’actualité» en direct… Plann a désactivé les notifications afin de ne pas se laisser tenter, et il réserve 2 fois 15 minutes par jour à Facebook à temps choisi.

Les journées de travail de Trigg sont stressantes ! Il ne sait jamais d’avance ce qu’il devra faire. Chaque matin, il reçoit une série d’e-mails, et il les traite à l’arrivée. Il arrive souvent qu’un nouvel e-mail lui parvienne avec des mots stressants et parfois violents, faisant apparaitre l’urgence de son interlocuteur, et il en fait son urgence, oubliant souvent la tâche en cours…  Plann, lui, ne se laisse pas impressionner par les urgences des autres. Il utilise des techniques mentales qui lui permettent de distinguer ce qui est URGENT, ce qui est IMPORTANT et ce qui est PRIORITAIRE. Il a trouvé ces techniques dans un programme nommé «Projets++».

Trigg te dira qu’il n’a jamais entendu parler de ce programme, et donc que Plann a de la chance ! Mais en réalité, ils ont reçu la proposition en même temps ! Trigg n’a pas eu le temps d’ouvrir l’e-mail, vu qu’au moment de cliquer il a reçu  une notification Facebook. Il a donc donné priorité à la dernière sollicitation en date, et pendant que Plann adhérait au programme, Trigg regardait une vidéo de chats sautillants à la vue d’un concombre.

En réalité, Trigg a eu bien plus de chances que Plann, puisqu’il a reçu 4 relances pour s’inscrire. Mais à chaque reprise, manque de chance, d’autres sollicitations sont apparues en parallèle… Alors que dans le cas de Plann, il n’y a eu qu’un seul e-mail. En effet, il n’a pas eu besoin d’être relancé…

Côté budget, Trigg a souvent des problèmes, car son esprit de consommateur se déclenche en fonction des publicités, des offres spéciales, des promos inouïes, et des nouveautés à ne pas manquer ! Plann sait ce dont il a besoin ou envie, et il se fait plaisir en planifiant ses achats en fonction de son budget, toujours en dissociant ce qui est urgent, important ou prioritaire.

Bref, je pense que tu l’as compris : Trigg obéit à des triggers, c’est-à-dire des déclencheurs d’évènements qui surgissent à tout moment sans prévenir. Il se lance dans les procédures activées par ces déclencheurs, en s’oubliant souvent l’opération en cours… Il est comme hypnotisé à chaque déclencheur. Il vit en fonction de ces triggers, qui sont de plus en plus nombreux et qui s’enchevêtrent sans aucune logique.

A l’inverse Plann ne se laisse pas impressionner par les triggers. Il ne se laisse pas déclencher, c’est lui qui décide ce qu’il fait de ses journées. La différence est énorme, tant au niveau du nombre de choses qu’il est capable de faire chaque jour, qu’au niveau des projets personnels qu’il réussit à faire aboutir, qu’au niveau de son stress quotidien, et bien évidemment, au niveau de son Bonheur.

Je te laisse méditer là-dessus…

A++

Stéphane