Un entrepreneur fou (2/2)

J’ai encore envie de commencer cet article en criant MERCI mille fois à celles et ceux qui ont laissé un commentaire dans la première partie de cet article publiée la semaine dernière. Si ces évocations me remplissent autant de joie, c’est pour une raison simple et terrible à la fois : il est rare, très rare même, de se retrouver face à une telle compréhension de sa Mission de Vie.

Tu veux savoir si tu es face à ta Mission de Vie ? Parles-en spontanément ! Si personne ne te comprends, tu la tiens !

 

Habille ton cri

Max Jacob a écrit : «La poésie est un cri, mais un cri habillé»

En d’autres termes, à l’origine de chaque poème qui fait vibrer le monde, il y a un cri ! Ce cri, livré de façon brute et sans aucun artifice aurait été inaudible ! Trop fort ou trop faible, trop aigu ou trop grave, trop désespéré ou trop enthousiaste… Tout dans ce cri est «trop», et les gens ne veulent pas l’entendre. Le crieur aura donc recours à la poésie pour transformer son cri en poème…

C’est exactement la même chose avec ta Mission de Vie. C’est un cri ! Si tu ne l’habilles pas, il n’en restera que ce que les gens sont capables d’entendre, et ce n’est pas toujours joli…

La semaine dernière, j’ai habillé mon cri grâce à une expérience partagée (qui pourrait t’être très utile, si tu de demandes ce que TOI tu pourrais faire de ça). Ensuite j’ai posé une question en t’invitant à répondre… Ca en fait des contorsions, juste pour dire :

Je préfère être utile à 102 personnes plutôt qu’à 26 ET JE PEUX ME LE PERMETTRE FINANCIEREMENT ET EMOTIONNELLEMENT

Mon activité en ligne est une activité secondaire. J’ai une activité principale qui me rémunère bien parce qu’elle s’adresse à ce qu’on appelle des CSP+ (Catégorie Socio-Professionnelle favorisée). Il s’agit de cadres et de décideurs de moyennes et de grosses entreprises qui ont la «culture coaching». J’anime également des formations dans ces grosses structures qui ont de beaux budgets réservés à  leurs managers et leurs décideurs.

Proposer parallèlement des programmes collectifs à un prix très accessible est une façon, pour moi, de faire front à une inégalité sociale : jamais un ouvrier ne se verra proposer mes prestations par son entreprise. J’ai décidé de mettre mon talent pédagogique à profit de toute personne motivée, sans discrimination tarifaire. Je rends accessibles à un maximum de personnes des concepts, des techniques et des outils complexes et onéreux.

Dans le cadre de cette activité secondaire, je peux me permettre de pratiquer un tarif qui provoque entre 10% et 20% de «manque à gagner». C’est un peu comme si je faisais un don pour une cause qui me tient à cœur. L’émergence des outils connectés dans les foyers et les petites entreprises, associée à ma connaissance de l’informatique m’a permis de mettre en place différents systèmes au service de cette cause, sans pour autant me sacrifier.

Pouvoir se permettre de…

S’autoriser des actions sacrificielles vient évidemment du cœur. Et si beaucoup de personnes échouent dans ce type de Mission c’est parce qu’elles ont tendance à mettre la tête de côté, au profit du cœur. C’est à mon sens une grosse erreur, pour une raison très simple : si je donne tout ce que j’ai aujourd’hui, je ne suis pas sûr de pouvoir donner demain…

Ce principe est également valable pour les émotions. Il y a des gens qui préfèrent ne pas les mêler à la cause et ne se fient qu’aux chiffres et aux dates… Or nous sommes des êtres d’émotion. Toutes les techniques proposées par divers experts pour étouffer l’aspect émotionnel lors d’une prise de décision, aboutissent à un échec ! Si sur le papier tout semble être bien ficelé, dans la vraie vie, nous sommes soumis à différents biais qui peuvent ridiculiser un raisonnement logique en quelques secondes.

C’est donc AVEC l’aspect émotionnel qu’il convient de composer. Certaines émotions seront de véritables vecteurs d’action, tandis que d’autres seront des résistances au changement. La meilleure façon de contourner ces pièges est de tenir compte du fait qu’ils apparaîtront durant le processus, et même de s’en assurer.

Je t’invite donc à observer des indicateurs financiers ET émotionnels afin de respecter des règles de conduite qui permettront à ton aventure de perdurer. Une fois de plus, l’idée est de surveiller le fonctionnement de tes automatismes et d’en prendre le contrôle afin de les faire évoluer.

Important : tout ce qui se trouve ci-dessous est donné à titre d’exemple. Il t’appartient de créer tes propres indicateurs en fonction de ta personnalité.

Indicateurs financiers

Les indicateurs financiers sont les plus faciles à comprendre, et donc à mettre en place. Ils pourraient être basés sur une ou plusieurs règles de conduite du type :

  • Tant que mon «sacrifice» se situe entre 10% et 20% du Chiffre d’Affaires, je peux maintenir un tarif solidaire.
  • Tant que mon argent disponible me permet de couvrir au moins 6 mois de mes besoins et envies, je peux me permettre de poursuivre ma mission de cette façon.
  • etc.

Le fait de mettre les choses au clair avec des chiffres et des dates (ou des périodes) a deux avantages qui créent un cercle vertueux : d’une part tu te sentiras en sécurité tant que les jauges seront dans le vert, d’autre part, tu œuvreras pour garder ces jauges dans le vert, puisque l’équilibre de ta Mission en dépend.

Tu remarqueras que ce qui est remis en question, ce n’est pas la Mission mais la façon de la mener. En d’autres termes, si tes indicateurs financiers passent à l’orange, tu peux commencer à expérimenter d’autres actions pour que tes principes soient respectés, sans déroger à ta Mission.

Indicateurs Émotionnels

Cet axe décisionnel demande une bonne connaissance de soi et de la psychologie humaine en général. D’une certaine manière, j’ai déjà évoqué les émotions en donnant un exemple d’indicateur financier basé sur 6 mois de visibilité… S’il est prudent et même motivant de se fixer un tel principe, la durée de cette «assurance» dépend de chaque individu. Certaines personnes, peu sûres de leur avenir pourraient placer la barre à 18 mois ou plus… D’autres, se considérant comme plus chanceuses, pourraient descendre à 3 mois, voire un seul mois d’avance de trésorerie… Cet indicateur peut même varier au cours de la vie, puisque la Confiance en Soi peut augmenter, faisant ainsi évoluer les principes.

C’est pourquoi en matière de Coaching, ce qu’on qualifie de «raisonnable» ne répond à aucune loi extérieure : chaque personne définit ses limites intérieurement. Lors d’un accompagnement professionnel, la fonction du coach n’est pas de déterminer ce qui est réaliste selon son propre ressenti. Il s’assure juste que son client n’est pas en train de se mentir, et que son niveau de confiance en l’avenir est constant séance après séance (qu’il ne répond pas à une humeur du moment).

Je pourrais écrire tout un livre sur les différents indicateurs émotionnels en évoquant les valeurs humaines et leurs ramifications, mais ici et maintenant, je vais me limiter à deux d’entre eux : ton niveau d’énergie, et ton Sentiment d’Injustice.

Le niveau d’Energie

L’Energie est un concept qui peut atteindre un niveau mystique, mais dans le cadre de cet article, je te propose simplement d’évaluer la force qui t’anime avant, pendant et après l’action :

Avant : Lorsque tu envisages une action qui va dans le sens de ta Mission, comment te sens-tu ? Le mot MOTIVATION se divise en deux : MOTIF-ACTION. Si ta motivation est faible, si tu as envie de faire autre chose, cela signifie que tu ne peux plus te permettre de continuer émotionnellement parlant (même si les indicateurs financiers sont dans le vert). Dans la plupart des cas, cela est dû à la faible utilité que tu attribues à tes actions. Ton degré de procrastination (vis-à-vis de cette action) est donc un indicateur pertinent.

Pendant : Lorsque tu te sens utile et fidèle à ta mission, toute action qui lui est relative est exaltante ! Ce qui devient désagréable, c’est la distraction qui pourrait t’en détacher. Si la situation s’inverse, si la moindre distraction ou proposition te sert d’échappatoire, voire de  bouffée d’oxygène, cela n’est pas dû à la complexité de ton travail, mais aux émotions désagréables qui t’envahisses lorsque tu t’y plonges. Encore un indicateur à surveiller.

Après : Il est possible (et c’est tant mieux) que malgré un manque évident de motivation et de concentration, tu arrives au bout de ton action. A ce moment, c’est ton état de fatigue qui t’indiquera si tu es émotionnellement capable de poursuivre dans la durée. La fatigue après l’action est un indicateur très efficace, à condition bien sûr que la cause ne soit pas un manque de sommeil, une maladie, etc.

Si je devais donner un exemple m’appartenant, je ne ressens plus aucune motivation à l’idée d’écrire pour mon public Facebook… Je peux encore copier-coller des articles que j’ai écrit pour d’autres audiences, mais c’est un endroit où je me sens peu utile, voire inutile. Lorsque ma TODO-LIST m’indique qu’il est temps de publier sur Facebook, je manque de temps ! Dans le cadre d’un Développement Personnel, je sais que ce manque de temps est un choix émotionnel. Lorsque j’écris pour Facebook, je marque de nombreuses pauses et je tente différentes échappatoires. Pour quelqu’un comme moi (j’ai la possibilité de rester concentré pendant des heures sans faillir), c’est extrêmement désagréable à vivre. Enfin, lorsque je termine un article destiné à Facebook, je suis vidé ! S’il y a encore quelques mois j’attendais les premières réactions des lecteurs. En ce moment je préfère faire une sieste réparatrice…

Cependant, lorsque j’écris un article qui évoque mon départ de Facebook (mes adieux), je suis débordant d’Energie ! Facebook (ou plutôt la population à laquelle je m’adresse sur ma page) met mes batteries à plat ! Je ne peux plus me le permettre émotionnellement. Mes adieux sont en cours…

Le Sentiment d’Injustice (ou d’ingratitude)

Lorsque je fais des propositions à un tarif accessible, il y a beaucoup plus d’ingratitude que dans les offres aux prix musclés. Le phénomène commence dès que je déclare les inscriptions ouvertes : à 19€, je reçois des remarques du type «trop cher», «trop long», «ce n’est pas le moment», «ça ne va pas être facile», etc.

A 97€, je ne reçois que des inscriptions !

Est-ce que cela signifie que «les pauvres» ont toujours des prétextes alors que «les riches» ont des solutions ? C’est une interprétation qui est malheureusement courante dans le monde de l’entreprenariat, mais c’est totalement faux dans notre contexte ! Dans cette gamme de prix, ce n’est pas une question de richesse, mais d’importance accordée au Développement Personnel. Il y a des locataires qui gagnent le smic et qui adhèrent à l’offre à 97€, et des propriétaires qui ont fini de payer leur maison, qui touchent 60K€ par an, et qui hésitent à investir 19€ dans leur Développement Personnel…

Ce qui provoque toutes ces questions à 19€, c’est le fait que les personnes se sentent attirées par l’offre et se disent que c’est peut-être possible après discussion. Le nombre d’inscriptions que je reçois après discussion en témoigne ! A 97€, le nombre de questions diminue parce que ces personnes, riches ou pauvres, s’estiment hors-jeu : inutile de poser la moindre question, car quelle que soit la réponse, 97€ c’est trop cher POUR CA !…

La suite du processus suit la même tendance. A 19€, beaucoup de personnes ne parviennent pas à valider le formulaire d’inscription, voient leur carte refusée par Paypal, ne reçoivent pas les e-mails, ont un débit trop faible pour suivre les webinaires, etc.

A 97€, mes utilisateurs sont parfaits ! Ils me donnent mêmes des idées pour optimiser mes ressources techniques…

Une fois de plus, tout ceci n’est pas dû à la richesse ou la pauvreté, mais au fait qu’une personne qui accepte de payer 97€ un programme de Développement Personnel n’en est pas à sa première expérience… Elle a pleinement confiance dans le processus et si elle ne reçoit pas son e-mail de bienvenue, au lieu de crier à l’escroquerie, elle va simplement regarder dans ses spams. Lorsqu’à l’entrée du webinaire, on lui demande son adresse e-mail, elle remplit la case sans sourciller. Une personne qui a payé 19€ et qui en est souvent à sa première expérience se dit qu’il doit y avoir un problème, car elle a déjà donné son adresse lors de son inscription (ce qui est loin d’être bête comme raisonnement).

Enfin, un problème récurrent mais tellement logique : les débutants procrastinent ! Ils n’ont pas conscience de l’effort à déployer pour gérer leur retard. En ce qui me concerne, il m’est déjà arrivé 3 fois de repousser le début de la session d’une semaine pour DOUBLER le nombre d’inscriptions !

Comment puis-je supporter tout ça ? C’est parce que je suis fou ! Ou alors, tout simplement parce qu’aider les débutants à faire le premier pas est au cœur de ma mission. J’avoue que parfois, surtout lorsque je me fais traiter d’escroc par une personne qui ne reçoit pas ses courriers, j’en ai ras la casquette ! Parce que je sais qu’a 97€, elle n’aurait pas écrit «wanado», mais «wanadoo»…

Mais malgré ce sentiment d’injustice, c’est valorisant de voir qu’au bout de 6 mois, un an, ou parfois deux, cette personne réussit à intégrer le Développement Personnel dans sa vie et dans son budget.

Beaucoup de personnes qui ont pris un abonnement annuel à Aller-Vers (180€), dès que j’ai annoncé l’ouverture du programme continu, ont d’abord été frileuses à l’idée de payer 19€, et parfois même 7€… Aujourd’hui, elles sont même capables de répondre à l’invitation «payez ce que vous voulez». C’est le niveau++ !

Je peux donc me permettre de poursuivre ma mission, financièrement et émotionnellement.

Merci++

Stéphane