Ce que vous allez lire dans les lignes de cet article n’est ni une confidence du Professeur Raoult, ni une enquête approfondie de sa vie. C’est une interprétation de ses différentes interventions télévisuelles. Cet article n’a pas pour vocation de polémiquer à propos des vertus (ou du manque de vertu) de la chloroquine. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est l’Attitude du personnage, et ce qui ressort de son discours sous le prisme du Développement Personnel. Pour étayer mes propos, je vais me baser sur sa dernière interview en date avec Jean-Jacques Bourdin. De temps en temps, je ferai références à d’autres interventions, afin d’éclaircir certains sous-entendus qui se trouvent dans cet entretien.
Je ne sais pas…
Le journaliste commence par poser une question sur la dangerosité des comportements du peuple, en particulier lors de la fête de la musique. BFMTV venait de montrer des images de jeunes-gens qui ont visiblement décidé d’ignorer la menace le temps d’une célébration. C’est alors que le professeur prononce une phrase d’une humilité qui devrait effacer toute suspicion de mégalomanie. Il dit :
– Je ne sais pas si c’est dangereux, et vous arriverez difficilement à me faire prédire quelque chose, parce que ce n’est pas le fond de ma nature…
Tout au long de l’interview, le Professeur répétera «je ne sais pas» avec autant d’assurance qu’un politicien aime prétendre qu’il sait tout sur tout… Là où Bourdin voudrait donner de l’information croustillante à l’auditoire, Raoult reste droit dans ses bottes : je suis un scientifique, je ne prédis pas l’avenir. Ma Mission est de soigner des gens et de sauver des vies !
Clarifications
A différentes reprises Bourdin tente de déstabiliser Raoult (c’est le style de l’émission) en citant des phrases extraites de leur contexte. Il cite notamment une phrase issue de la page 107 du dernier livre du Professeur : «l’épidémie est en train de se terminer»…
Le professeur recadre gentiment le propos :
– Cette épidémie-là est en train de se terminer, toutes les épidémies finissent par s’arrêter. Celle-ci suit la courbe habituelle des infections à coronavirus saisonnier. On ne sait pas encore ce qu’elle deviendra ultérieurement.
Les 10 minutes qui suivent mériteraient à elles seules tout un article. Il semble que le journaliste invite l’infectiologue à davantage de prudence dans ses propos, car si lui s’amuse à tirer une phrase de son contexte, pour démontrer qu’elle peut être mal interprétées, d’autres pourraient récupérer les dires du Professeur ou s’en servir à de mauvaises fins (beaucoup de théories du complot se servent de certaines phrases de Didier Raoult, alors que lui, n’a jamais crié au complot).
C’est l’occasion, par exemple, de clarifier ses propos concernant l’inutilité du confinement d’un point de vue médical. Il rappelle qu’il est médecin et que pour lui les gestes barrières auraient suffi, mais nos gouvernants ont préféré le confinement, soit parce qu’ils ont eu peur que le peuple ne sache pas respecter les gestes barrières, soit pour gérer la peur du peuple (rappelant des faits historiques semblables où la peur-panique a causé davantage de morts que le virus lui-même). Le confinement était donc contestable médicalement parlant, mais il ne lui viendrait pas à l’idée de contester la mesure politique, car il ce n’est pas son métier et il ne détient pas tous les facteurs décisionnels.
Proactivité
Quelques minutes plus tard, Le Professeur Raoult évoque une injustice que vivent certains de ses collaborateurs. Le journaliste lui demande alors s’il se situe comme une VICTIME, ce à quoi il répond :
– Moi, je ne me plains jamais et les autres ne me plaignent pas non plus, je vous rassure !
Là, on nage dans les eaux claires du Développement Personnel : quel que soit l’auteur que vous lirez, la conférence que vous suivrez, la formation à laquelle vous participerez, on vous le dira et on vous le répétera :
– Si vous voulez progresser dans votre vie, évitez toute attitude victimaire. Commencez par arrêter de vous plaindre, et surtout, ne vous faites pas plaindre !
C’est la base de la proactivité. Vous voulez être maître de votre vie, rappelez-vous que vous en êtes responsable ! Si les collaborateurs de Didier Raoult subissent le courroux des Conseils des Universités, c’est parce qu’ils ont fait le CHOIX de faire partie du Conseil Scientifique l’IHU de Marseille. En faisant un autre CHOIX, ils n’auraient subi aucune sanction, et en restant chez eux à boire de la bière, le seul problème récurrent qu’ils rencontreraient est de devoir recharger le frigo. Les problèmes rencontrés par les gens sont à la hauteur de leurs CHOIX de vie.
Toutes les personnes qui ont réussi que ce soit professionnellement, familialement, spirituellement… vous le diront :
– J’ai commencé à réussir ma vie le jour où j’ai compris que je ne pouvais pas en être victime !
Pas touche à la Mission de vie !
La seule fois où le professeur se laisse emporter par ses émotions (au point de vouloir quitter le plateau) est le moment où le journaliste attaque sa Mission de vie, et plus généralement celle des soignants de notre pays. Jean-Jacques Bourdin le titille sur ses «fanfaronnades» à propos du nombre de personnes sauvées à Marseille comparativement à Paris… En filigrane, il ramène le débat à une guéguerre footballistique… Lorsque le Professeur tente d’expliquer que s’il est si populaire, c’est parce qu’il a pris des décisions courageuses, le journaliste lui envoie sous forme de «morale» :
– Ce n’est pas la popularité qui soigne !
Alors le professeur s’emballe :
– Non, c’est moi qui soigne ! Ce n’est pas vous ! Vous avez déjà soigné quelqu’un dans votre vie ? Vous avez sauvé quelqu’un dans votre vie ? Alors calmez-vous ! Ne m’expliquez pas la médecine et ne m’expliquez pas ce que c’est que de soigner des gens. Si vous ne faites pas de diagnostique vous ne pouvez pas les soigner !
La Mission de vie est un sujet sensible. Les personnes qui trouvent leur Mission vivent des moments très gratifiants et des émotions très agréables. C’est comme s’ils vivaient plusieurs vies… Cependant, leur Mission est rarement comprise, et elle est souvent ramenée à de basses considérations. Bourdin a fait une erreur avec sa phrase, qui relève davantage de la perversion narcissique que du journalisme (les PN aiment détruire les valeurs morales que les gens portent tels des drapeaux). Beaucoup de gens qui regarderaient cet extrait diront que le professeur n’a aucune raison de s’emporter et que c’est un caractériel ! Or c’est comme si on me disait que je ne fais mon métier dans l’intention de détrousser les pauvre gens… Je trouve ce niveau de conversation tellement bas, que je me demande ce que je fais là…
Leadership
Il tente alors d’expliquer qu’en disant aux personnes souffrantes, de rester chez eux et de prendre du Doliprane en cas de fièvre, on ne diagnostique pas et on ne soigne pas. A Marseille, il a pu tester et soigner. Comment ? Il n’a pas réussi à le dire à Jean-Jacques Bourdin (qui lui coupe la parole et l’entraine vers un autre sujet, à chaque fois qu’il tente d’approfondir un sujet), mais il l’a dit dans une autre émission (avec Ruth Elkrief) : en s’exposant, il a augmenté sa popularité. Il est devenu une Star du système, et les gens aiment les stars ! Cette posture lui a permis d’obtenir des masques, des gants, du gel, et tout ce qu’il faut pour fabriquer des tests, souvent gratuitement. Non seulement les fabricants ne lui refusaient rien, mais on venait vers lui que ce soit pour soutenir sa démarche, sauver des vies ou pour être partenaire (sponsor) de l’hôpital qui a mis en place le protocole le plus efficace.
Cette précédente interview lui a causé beaucoup de tort, car le fait qu’il se qualifie lui-même de Star l’a fait passer pour un homme imbu de sa personne. Or en pratique il parlait de Leadership ! Encore une thématique extraordinairement complexe qu’il a su simplifier. Un leader n’est pas une star parce qu’il est bien coiffé ou parce qu’il a été encensé par une autre star… Un leader est une star parce qu’il obtient chaque jour des résultats probants et inspirants ! Une fois star, on peut oublier la raison qui l’a «starifié», mais le leader ne l’oublie jamais, et ça c’est extrêmement humble.
Tandis que le Professeur tente d’expliquer au journaliste la notion de Leadership et de Mission de vie, son adversaire lui lance un coup bas indigne de sa position :
– Alors vous êtes en train de dire qu’à Paris, les médecins tuaient les gens !
A ce moment, l’Homme de Mission ne veut plus jouer dans la même cour. Il n’apprécie pas le détournement de ses propos et menace de quitter le plateau si ces «interprétations foireuses» se poursuivent. Bourdin lui dit que ce serait une erreur (de Communication) de quitter le plateau, et Raoult lui répond qu’il s’en fout !
En effet, Bourdin avait bien plus de raisons de s’inquiéter du départ du Professeur. Toutes les chaines de télévision et de radio lui sont ouvertes, et il aurait pu terminer son discours ailleurs. Dans le cas où les portes se fermeraient, il dispose d’une chaîne d’information sur Youtube dont les scores d’audience ont grimpé de façon spectaculaire depuis Avril… Mais Raoult se rassoit pour terminer ce qu’il a commencé. Il invite juste son hôte à davantage de Respect.
L’estime de soi
Parmi les autres temps forts que je relève, il y a celui-ci :
– Ce qu’on dit de vous, vous vous en foutez ?
– Je m’en fous complètement ! Ce n’est pas mon problème…
Ça c’est du coaching ! Les critiques qu’on émet à votre égard ne représentent pas vos problèmes, mais ceux de la personne qui vous critique. C’est elle qui ne supporte pas vos agissements ou votre projet et qui va les commenter avec le regard qu’elle a sur sa vie. De ce fait, ce n’est pas vous qu’elle juge : elle s’imagine à votre place et elle se juge elle-même. On appelle ça un biais de projection. Et bien évidemment, ce n’est pas votre problème… Quelle est la solution pour s’en souvenir ? Il la donne juste après :
– La seule chose qui m’intéresse, c’est l’estime de moi-même. C’est très important. J’essaie d’être en accord avec moi-même et de ne pas avoir honte de moi. Je fais ce qu’il faut pour. Et je suis prêt à prendre des risques pour être effectivement en accord avec moi-même. Et (ce qui m’intéresse également) c’est l’estime des miens. Pour avoir l’estime de moi-même je fais ce que je pense devoir faire…
L’Estime de soi… Un sacré morceau que beaucoup de scientifiques tentent de reléguer au second plan en début de carrière (ne misant que sur la science) et qui s’avère être un point central lorsque quelque décennies plus tard, ils deviennent des sommités. La philosophie de la vie, l’Attitude qu’ils ont développée tout au long du parcours semble être soudainement l’onde sur laquelle tout sera porté.
Evolution, Changement, Innovation…
Le journaliste veut faire le point sur certaines contradictions :
– J’ai relevé des contradictions dans ce que vous avez dit… Je ne vais pas les énumérer de peur que vous quittiez le plateau, mais j’ai une liste…
– Ecoutez ! Plus on parle, plus on a de chances de dire des bêtises, ça c’est juste arithmétique… L’idée que les êtres humains expriment les choses toujours de la même manière, voire qu’ils pensent de la même manière à tous les moments est un fantasme.
– En fonction de l’évolution du virus ?…
– Oui, et en fonction de la perception que l’on a des choses ! Notre perception des choses n’est pas du tout objective. Elle évolue avec nos connaissances, on interagit avec le monde dans lequel on est. Bien sûr qu’on change ! Vous ne croyez pas que je suis comme j’étais il y a 3 ans…
Je le dis souvent à mes lecteurs : prenez certains de mes articles que vous avez lus il y a 6 mois et relisez-les… Les lisez-vous de la même façon ? Ressentez-vous la même chose ? Envisagez-vous les mêmes actions ? Evidemment, non ! D’ailleurs lorsque je me relis, je les peaufine souvent et il m’arrive parfois de les réécrire complètement. Ce que nous comprenons d’un texte dépend de notre perception du moment. Alors imaginez ce qu’il advient de ce que nous comprenons de la vie !
Quelque chose de plus grand que soi…
Bourdin reprend le sujet de la popularité, mais cette fois sans en faire une morale à 2 centimes :
– Vous vous rendez-compte de votre popularité ? De l’importance médiatique que vous avez pu prendre ces dernières semaines ?
– Je ne crois pas que ce soit moi… Je pense que je suis l’objet qui révèle quelque chose… A un moment il y a un problème de fond dans cette société et il s’exprime comme il peut !
Waouw ! Voilà encore un principe (toujours humble) qui relève du «plus grand que soi». Didier Raoult pense sincèrement qu’il était l’un des nombreux candidats à faire l’objet du choix du peuple. Il évoque même la théorie philosophique d’Hegel à propos des «ruses de la raison»…
Ceci me fait penser à ce que j’ai écrit il y a environ 5 ans sur Christophe Colomb. Mon aparté se situe dans un contexte plus spirituel, mais il relève du même concept philosophique d’Hegel. Dans mon texte, qui disserte à propos du destin, j’avance l’idée que l’Amérique a été découverte parce qu’il était temps de lever le voile sur ces terres inconnues ! Bien évidemment, c’est un explorateur qui allait y débarquer, mais ce n’était pas spécifiquement le destin de Christophe Colomb, c’était le dessein du monde. Christophe Colomb, de par sa vocation, s’est inscrit inconsciemment à ce «concours universel», puis il a eu le privilège de dévoiler cette partie du monde. S’il ne l’avait pas fait, un autre explorateur l’aurait fait (à la même époque). Ce n’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme, et au moment du choix, l’homme doit correspondre à bien des critères que j’ai énumérés dans cet article. Il ne s’agit pas d’une simple opportunité saisie au vol, mais aussi et surtout, d’un parcours qui a du sens.
Développement Personnel
Si beaucoup de gens considèrent Didier Raoult comme un modèle inspirant, ce n’est pas pour l’hydroxychloroquine, ni pour sa démarche scientifique, car dans ce cas, il ne serait apprécié que par le corps médical, réellement capable de comprendre ses choix. Ce qui rend le personnage si exceptionnel, c’est son attitude en général, et plus encore sa Communication lorsqu’il doit faire face à l’adversité. Il reste à voir s’il sait communiquer et inspirer les foules quand tout va pour le mieux…
Je ne sais pas s’il a lu les auteurs comme Napoleon Hill, Dale Carnegie, ou plus récemment Mark Fisher ou jack Canfield, car il est tout à fait possible de se forger un tel caractère par l’Education familiale ou en lisant les philosophes des lumières ou de l’antiquité (il semble être érudit à ce niveau). Quoi qu’il en soit chacune de ses interventions déborde de concepts de Développement Personnel. En ce sens il est un excellent exemple de ce que l’on peut vivre et faire concrètement, lorsqu’on est psychologiquement armé pour réussir sa mission de Vie.